
Longtemps resté à l’abandon, dans un état de ruines calcinées, le complexe de Kenu-In a fait l’objet de premières interventions, ces dernières semaines. Une vaste opération de désamiantage a débuté, mi-mai, avant le lancement du chantier de démolition. Il doit démarrer lundi 2 juin. Seules l’enseigne Carrefour et sa galerie commerciale sont pour l’instant concernées. Un travail d’au moins six mois est envisagé. "Ça représente quand même 12 000 m2 à faire tomber", note Christian Briault, gérant de la société EBCC, chargée de la démolition.

Un délai qui s’explique notamment par la dangerosité du site, sinistré. "Il faut y aller doucement, c’est très dangereux", affirme le chef d’entreprise, qui préfère "prendre le temps mais au moins arrivé au bout", sans accident.
Une trentaine d’ouvriers interviendront sur le site. À l’image du magasin Decathlon, démoli il y a quelques mois, la structure du bâtiment sera conservée. Le toit, très affecté par les flammes, et l’ensemble des éléments qui composaient le supermarché et sa galerie seront, eux, détruits. Une méthode qui vise à faciliter la reconstruction. "C’est la priorité pour le territoire, il faut ramener les gens au travail, il faut leur donner les moyens de vivre", juge Christian Briault, particulièrement attristé par la destruction d’un centre commercial qu’il avait aidé à construire.
"La volonté de reprise reste forte", a assuré Michaël Dib, directeur général de Carrefour, à Marine Le Pen, jeudi 29 mai, lors du déplacement de la cheffe de file du Rassemblement national devant les décombres du centre [1]. Mais cette reconstruction tant espérée risque de prendre du temps. Il faudra au moins "trois ans avant de reconstruire tout ça", a expliqué Michaël Dib. Le projet est rendu compliqué notamment en raison d’une indemnisation partielle de l’assureur. "Sur 14 milliards, on nous en rembourse sept", déplore le directeur du centre commercial. Il en faudrait dix pour imaginer une reconstruction. "Donc le calendrier, c’est l’assurance qui l’a." Michaël Dib envisage d’engager un procès contre sa compagnie d’assurance. "Nous ne sommes pas d’accord sur l’interprétation du contrat."
Le complexe de Kenu-In embauchait environ 600 employés, tous licenciés pour cas de force majeure. Une partie d’entre eux avaient saisi le tribunal administratif pour "rupture de contrat abusive". Le 30 décembre, le tribunal leur avait donné raison, faisant annuler la décision de l’inspection du travail. Le groupe Carrefour et Conforama ont fait appel.