"Tout n’est pas encore gagné, mais on peut désormais exister et avancer pas à pas." Après un an et demi de travail et dans un contexte économique pour le moins morose, Delphine Ollier-Vindin annonce, non sans soulagement, le lancement officiel de Recif, un festival de cinéma inédit sur le Caillou.

Une nouvelle aventure audiovisuelle pour la déléguée générale qui avait jusqu’à présent porté à bout de bras le festival du cinéma de La Foa, dont la dernière édition a eu lieu en 2024. "On ne pouvait pas se permettre de laisser disparaître tout ce travail construit pendant 26 ans, il fallait donc imaginer un autre événement pour la fiction, poursuit la responsable de la programmation, qui annonce d’emblée l’ambition de Récif : s’exporter à travers tout le pays en proposant des séquences et des projections dans chaque province. Nous déplacer dans les communes avec des propositions spécifiques à chaque territoire est essentiel car c’est un festival pays qui entend aussi être un vecteur de partage de nos cultures et de nos diversités."

Le "cœur" de ce festival se tiendra du 7 au 15 novembre à Nouméa, avant une tournée jusqu’en décembre en cours d’élaboration. Car au vu des difficultés financières auxquelles n’échappe pas l’équipe de Récif, sa programmation reste en construction, au fil notamment des partenariats qui se nouent avec les collectivités et les institutions.

"Préserver une identité"

Autre nouveauté, de taille, cet événement programmera des films calédoniens mais dans une sélection bien plus ouverte qui fera la part belle aux productions issues de tout le Pacifique. Une occasion rare de découvrir les œuvres océaniennes, souvent noyées dans la profusion des productions réalisées en masse dans les autres continents.

"On retrouve la volonté de survivre dans ces productions, la volonté de préserver une identité et une langue, estime Gonzague de La Bourdonnaye, partenaire du festival. C’est un moyen de dire au monde qu’on existe en dépit de l’éloignement face au tsunami audiovisuel qui nous arrive dessus."

Afin de préserver ses spécificités et cette "insularité qui est le socle commun" à tous ces films, chaque œuvre sera diffusée en version originale sous-titrée.

Cinéma émergent

Par ailleurs, si les financements sont suffisants, les équipes de Récif ont l’ambition de mettre sous le feu des projecteurs le cinéma dit "émergent" à travers une programmation internationale dédiée aux premiers et seconds films de réalisateurs. 

"Ce regard porté sur les nouvelles voix du 7^e art s’inscrit dans une volonté de favoriser la découverte, l’échange et le rayonnement des talents d’aujourd’hui et de demain", estime Delphine Ollier-Vindin.

À travers le maintien et la création de nombreux concours, Récif entend enfin continuer d’accompagner la filière audiovisuelle locale tout en proposant des actions d’éducation culturelle tout au long de l’année.