
En octobre dernier, Charline Picon, tout juste médaillée de bronze en voile (49er) aux JO de Paris, présentait son " bébé " au journal l’Équipe : le Luna Bay II, un catamaran flambant neuf avec lequel la championne – déjà médaillée d’or à Rio et d’argent à Tokyo en planche à voile – entendait mettre le cap vers la Polynésie. Une aventure dans laquelle elle se lançait en compagnie de son compagnon, qui lui avait fait la surprise d’une demande en mariage au pied du podium quelques mois plus tôt, et de sa fille de 7 ans. Une aventure qui après une transatlantique, le passage de Panama, la traversée vers le fenua, des escales aux Gambiers, à Fatu Hiva, ou à Ua Pou, a bien failli prendre une tournure dramatique dans la nuit de vendredi 30 mai à samedi 1er juin.
À 3h16 du matin, le centre de coordination et de sauvetage polynésien a en effet reçu une alerte de détresse d’une balise satellitaire de type EPIRB, celle du Luna Bay II, alors situé à environ 70 milles nautiques au Sud-ouest de l’île de Ua Pou. D’après le haut-commissariat, les tentatives de contacts satellitaires échouent, aucun autre bateau ne navigue dans la zone, c’est donc un Gardian de l’armée qui décolle de Tahiti en mission de " recherches et sauvetage ". Dans le même temps, une aide est demandée au navire de pêche Lady Chris 10, situé à une centaine de nautiques de la position de la vedette des îles Marquises, basée à Hiva Oa.
Sur place, le Gardian découvre le catamaran " faisant naufrage " mais observe l’annexe et un radeau de survie à proximité. Un contact VHF est établi avec les naufragés qui confirment être tous sains et sauf dans le radeau qui présente des " entrées d’eau ". Le Gardian largue donc sur zone une " chaîne SAR " – pour Search And Rescue, et qui comprend un bateau pneumatique à gonflage automatique, une balise de détresse, et du matériel de survie – pour permettre à la championne olympique et sa famille de rester en vie le temps de l’arrivée d’une embarcation. C’est le Stardust, voilier situé à " environ quatre heures de navigation " qui se déroutera pour finalement recueillir les trois naufragés, en début d’après-midi, samedi. Soit dix heures après l’activation de leur balise de détresse.
D’après nos informations, le catamaran a percuté un objet non identifié en pleine mer. Ce genre d’accidents, très rares et notamment causés par des conteneurs ou du matériel tombés de cargo et flottant à la surface, sont aussi les plus dangereux : les voiliers touchés peuvent sombrer en quelques minutes. D’après les spécialistes du JRCC, c’est grâce à leur expérience et leur bonne réaction que le couple et leur enfant ont survécu le temps que les secours arrivent.