L’industriel français a réagi, lundi 2 juin, dans un communiqué, à l’annonce, par le Gabon, de son intention de plus autoriser l’export du manganèse dans à peine quatre ans. "Eramet reconnaît l’ambition portée par les autorités gabonaises et, en tant que coactionnaire majoritaire de Comilog, continuera de travailler avec l’État dans un esprit de partenariat constructif et de respect mutuel." La société souhaite "préserver le rôle stratégique de Comilog et de Setrag (filiales d’Eramet, NDLR) comme fournisseurs de rang mondial de manganèse pour l’industrie sidérurgique, ainsi que les 10 460 emplois gabonais qu’ils soutiennent", ajoute-t-elle.
À lui seul, le manganèse de la Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué) représente 6 % du PIB du pays côtier d’Afrique centrale. Et Eramet, qui exploite le gisement de Moanda, au sud-est du pays, via ses filiales, estime que le site fournit actuellement 15 % de la production mondiale de ce métal, utilisé dans la métallurgie et pour la fabrication de batteries.
C’est en conseil des ministres, vendredi 30 mai, que le président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, a partagé sa volonté d’interdire l’export du manganèse brut – ressource stratégique dont le pays est le deuxième producteur mondial – au 1er janvier 2029, afin de mettre en place une industrie de "transformation locale des matières premières, la montée en compétences de la main-d’œuvre nationale, la maîtrise des chaînes de valeur technologique et la consolidation des recettes fiscales", selon un communiqué du gouvernement publié le lendemain. Pour ce faire, le président a indiqué qu’une "période transitoire de trois ans (était) accordée aux opérateurs du secteur pour procéder aux investissements requis".
En avril, Eramet avait expliqué avoir rencontré des difficultés "opérationnelles et logistiques" au port d’Owendo depuis fin 2024 qui, conjuguées à un mouvement social en mars, ont pénalisé le groupe : les volumes de minerai de manganèse vendus au premier trimestre 2025 ont reculé de 15 %.
Le manganèse est, avec le pétrole et le bois, l’une des principales sources de revenu du Gabon. Le pays de 2,3 millions d’habitants est l’un des plus riches d’Afrique en PIB par habitant.