
Un porte-parole du ministère australien de la Défense a confirmé que Washington avait informé les autres signataires, l’Australie et le Royaume-Uni, qu’elle réexaminait le projet qui avait provoqué la colère de la France à son annonce en 2021.
"Je suis très confiant dans le fait que cela va se faire", a toutefois assuré le ministre de la Défense Richard Marles, ce jeudi, lorsqu’on lui a demandé s’il pouvait encore garantir que l’Australie obtiendrait les sous-marins américains. "Je pense que l’examen qui a été annoncé n’est pas une surprise, a-t-il déclaré à la chaîne publique ABC. Nous sommes au courant depuis un certain temps. Nous nous en réjouissons. C’est quelque chose de tout à fait naturel pour une nouvelle administration".
En 2021, l’annonce de l’alliance Aukus avait été vécue par la France comme un véritable coup de poignard du gouvernement australien, qui avait alors brutalement annulé un important contrat pour 12 sous-marins conventionnels français devant être construits en Australie, pour quatre fois moins cher.
Dans un premier temps, l’accord prévoit la fourniture à l’Australie à partir de 2030 de trois à cinq sous-marins américains à propulsion nucléaire de classe Virginia. Puis, à partir de la fin des années 2030, la co-construction par le Royaume-Uni et l’Australie d’une nouvelle classe de sous-marins à propulsion nucléaire. Le coût total du programme, qui vise à s’adapter à la puissance militaire de la Chine, est estimé à au moins 235 milliards de dollars américains sur 30 ans pour l’Australie.
Son réexamen intervient sur fond d’inquiétudes croissantes en Australie sur la capacité des États-Unis à remplir leurs termes de l’alliance Aukus, signée de manière tripartite avec le Royaume-Uni sous la présidence Biden. Richard Marles a reconnu que l’augmentation de la production de sous-marins de classe Virginia constituait un défi pour l’industrie américaine. "C’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec les États-Unis pour y parvenir. Mais les choses s’améliorent", a-t-il déclaré.
L’ancien Premier ministre libéral australien Malcolm Turnbull (2015-2018) a appelé Canberra à procéder à sa propre révision du pacte. "Jusqu’à présent, notre Parlement a été le moins curieux et le moins informé. C’est le moment de se réveiller", a-t-il publié sur le réseau social X.
Un autre ancien chef du gouvernement, le travailliste Paul Keating (1991-1996), fervent critique de l’Aukus, estime que l’Australie devrait développer sa propre politique de défense "plutôt que de se laisser entraîner sur les traces d’un empire atlantique en déclin".
Selon Euan Graham, analyste de l’Australian Strategic Policy Institute, un retrait de l’Aukus ne serait pas "réaliste" pour l’Australie : "Je ne pense pas qu’il y ait de plan B qui répondrait aux exigences, et je pense que cela détruirait fondamentalement et de manière irréparable la réputation de l’Australie".