
"Caledonia n’est pas sauvée, mais on y voit plus clair." Pierre Welepa, directeur de la chaîne de télévision, ne cache pas son soulagement. La décision, adoptée vendredi 20 juin en assemblée de province Nord de rallonger de 175 millions de francs la dotation attribuée à Caledonia va lui permettre de boucler l’année. Avec un budget prévisionnel de près de 409 millions, le soutien de la collectivité (350 millions au total), même en baisse de 50 millions par rapport à l’exercice précédent, redonne un peu d’espoir à la direction. "Malgré les difficultés des collectivités, tout le monde fait des efforts pour que Caledonia reste en vie", estime Pierre Welepa. Le gouvernement a effectivement maintenu sa participation annuelle de 13,5 millions, la province des Îles a versé 30 millions (au lieu de 45 en 2024) et la province Nord, donc, 350 millions (au lieu de 400 millions lors des exercices précédents).
Pour tenir le cap, la chaîne a également dû réduire sa masse salariale de 24 % (huit salariés en moins) et dégrader une partie de ses programmes. Le journal télévisé ne dure par exemple plus que 10 minutes au lieu des 20 minutes les années précédentes et n’est plus présenté. "L’idée, c’est de passer l’année pour pouvoir continuer à informer les Calédoniens sur les grands événements qui s’annoncent", poursuit le directeur.
Pour Pierre Welepa, si la question de la sanctuarisation du financement de la chaîne est au cœur de ses préoccupations, il reste convaincu que les collectivités "ne veulent pas laisser mourir Caledonia, personne ne se désengage, c’est positif et ça nous conforte dans l’idée que ça valait le coup de continuer à se battre." Un espoir que les journalistes de la chaîne relativisent : "C’est une bonne nouvelle en soi, mais ça ne résout en rien notre situation, tempère Michel Pimbé. C’est encore 50 millions de moins et nous n’avons toujours aucune visibilité sur les années à venir".
D’autant que la dégradation des conditions de travail se fait sentir dans les équipes. "Avec moins de personnel, il faut continuer à faire travailler l’outil et il faut compenser les absences", ajoute Audrey Poedi. "Mais de toute façon, insiste Michel Pimbé, le vrai problème derrière notre situation, c’est celui du financement des médias en Calédonie. Ce sujet devrait faire partie des discussions institutionnelles en cours pour l’intégrer dans le futur statut juridique du pays."