
Ce mardi, nous sommes huit à nous présenter à la formation aux gestes qui sauvent qui se déroule au sein de l'établissement pour personnes âgées, Les Orchidées, à Ouémo. Huit femmes, de 18 à 66 ans. C'est Manuella, bénévole, et formatrice PSC (Premiers secours citoyen) à la Croix-Rouge, qui anime la formation avec Bertille et Patricia. " Cette formation doit être une prise de conscience et elle permet de diffuser au plus grand nombre la connaissance de ces gestes d'urgence et de faire des citoyens un premier maillon de la chaîne des secours.

Les gens viennent aussi avec une attente, une histoire, un trauma parfois, et ça peut les aider à faire le deuil de ce traumatisme. " Et effectivement, les motivations de chacune des participantes sont bien différentes. Eva et Maëlle, 18 ans toutes les deux, partent travailler comme jeunes filles au pair en Australie: " Nous n'avons jamais été formées aux premiers secours. Comme on va s'occuper de jeunes, on s'est dit que c'était peut-être bien d'avoir quelques notions ", confient-elles. Et même si cette formation ne rentre pas dans le cadre des gestes aux premiers secours sur des enfants, nos deux jeunes filles sont très motivées. Thérèse, 66 ans, qui sera mon binôme durant la formation, reconnaît qu'elle était intéressée depuis longtemps sans franchir le pas jusqu'à présent. Mais une rencontre récente a été l'élément déclencheur : " Je viens de rencontrer un couple qui a vécu un moment douloureux. Le mari a fait un malaise grave et c'est son épouse, formée aux premiers secours, qui l'a sauvé en lui pratiquant un massage cardiaque en attendant l'arrivée des secours. Je me suis dit que je devais absolument me former au cas où ! "
Très concentrées, nous écoutons la première partie de la formation avec un peu de théorie. Bertille fait défiler des diapos montrant des situations d'urgence : une personne blessée au bras par une tronçonneuse, une autre inanimée avec de la fumée tout autour d'elle, une voiture accidentée etc. L'idée est d'évaluer avant tout la situation pour détecter tout danger et d'essayer d'identifier la cause potentielle de l'accident ou de la blessure de la victime. Il s'agit ensuite de sécuriser la scène le plus possible et, évidemment, de se sécuriser soi-même.

Tout dépend du lieu et de la situation : proche d'une étendue d'eau, une situation avec un tireur actif, un incendie... Bien entendu, la formatrice nous rappelle qu'il faut au plus vite alerter les secours! Puis tenter d'évaluer l'état de la victime. Si celle-ci est en état de parler, il est important de lui poser quelques questions pour vérifier si elle présente des signes d'altération de l'état mental, lui demander si elle a des antécédents allergiques ou de soins médicaux... Il est également indispensable de se concentrer sur la respiration et la circulation sanguine de la personne et de surveiller tout changement de son état.
Place à la pratique maintenant. Au centre de la pièce gît un mannequin enveloppé dans une bâche. Seuls ses pieds dépassent. Les formatrices nous le présentent : c'est Arthur ! Arthur et ses collègues vont nous servir pour quelques exercices à la fin de la séance. Mais dans l'immédiat, c'est en binôme que nous tentons de mettre en application les gestes de premiers secours que les formatrices s'appliquent à nous montrer. Allonger la personne, dégager ses voies respiratoires en renversant sa tête en arrière et en soulevant son menton, vérifier sa respiration, (vérification des points ABC).

Si la victime présente une blessure qui saigne, faire un pansement compressif voire un garrot si nécessaire. Très sérieuses, nous alternons dans nos rôles de victime ou de sauveteuse. " Si la victime est inconsciente, vous devez la mettre en PLS après avoir vérifié qu'elle respire encore", poursuit Bertille qui énumère les étapes à suivre pour placer la victime en Position latérale de sécurité : La placer sur le dos, mettre ses deux jambes jointes, se placer à côté de la victime à genoux. Prendre le bras opposé de la personne puis positionner le dos de sa main contre son oreille. Maintenir le dos de cette main contre son oreille à l'aide d'une main, tout en relevant le genou opposé avec son autre main. La basculer légèrement sur le côté, enlever sa propre main qui maintenait la main de la victime contre son oreille, ajuster le genou replié en angle droit, ouvrir sa bouche au cas où la victime vomisse, la couvrir pour la protéger. Heureusement que Manuella et Bertille joignent le geste à la parole car, la première fois, on est vite perdu. Et on imagine aisément que dans la réalité, le stress n'aide pas à se souvenir de chaque geste. Mais c'est bien là tout l'intérêt d'être formé.

Nous terminons nos exercices avec Arthur et ses comparses. Il s'agit cette fois de leur prodiguer un massage cardiaque. Les mains sur le thorax, bras bien tendus, on exerce des pressions en rythme : " Et un, et deux, et trois... Appuyez avec tout le poids du corps... " Et surtout on ne s'arrête pas jusqu'à l'arrivée des secours !

Si par chance, il y a un défibrillateur près du lieu de l'accident, nos formatrices nous incitent à l'utiliser. A nous de jouer une fois de plus. Mais heureusement, l'appareil donne toutes les instructions, il n'y a qu'à les suivre à la lettre. Ce que nous nous appliquons à faire avec sérieux. Bon, Arthur et ses alter-ego ne sont pas revenus à eux... Mais nous avons appris pas mal de choses et quelque part, nous nous sentons un peu plus " utiles ", prêtes à intervenir en cas d'accident avec les bons réflexes. Et comme précisé précédemment, cette formation de deux heures n'est que la première étape. La Croix-Rouge propose une formation PSC 1er secours citoyen plus approfondie qui permet d'obtenir un diplôme reconnu par l’État français, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et l'Union Européenne.


Ce programme, financé par Groupama Pacifique, propose un ensemble de connaissances et de techniques permettant à un citoyen formé d'apporter les premiers secours dans une situation d'urgence. L'objectif n'est pas de prendre la place des pompiers, mais d'assurer le nécessaire en attendant leur arrivée. Le seul prérequis est d'être âgé de 10 ans au moins. Pour les mineurs, une autorisation parentale est nécessaire. Les personnes qui présentent un handicap peuvent également suivre cette sensibilisation. La formation est gratuite.

• Toujours porter assistance à une personne en danger.
• Protéger la victime et se protéger
• Alerter les secours rapidement.
• Réaliser les différents gestes de premiers secours face à une situation d'étouffement, de saignement abondant, de perte de connaissance, de malaise cardiaque et d'arrêt cardiaque.
Retrouvez le numéro 5 du magazine L Calédonie, paru en mai 2025, dans de nombreux points de vente, et sur la page Facebook L Calédonie magazine. [1]