
"Le 13-Mai n’a pas été l’élément déclencheur, mais le révélateur et l’accélérateur de la crise sociale et économique sans précédent qui frappe le pays", estime Pierre-Chanel Tutugoro, le président du groupe UC-FLNKS qui a déposé, ce mardi 1er juillet, une résolution sur le bureau du Congrès. Objectif : convaincre la majorité des élus de l’hémicycle d’adopter ce texte qui vise à déclarer l’urgence sociale en Nouvelle-Calédonie. "Notre population est très affectée. La jeunesse ne trouve plus de travail, n’a plus à manger, n’a plus de logement, ne peut plus poursuivre ses études. L’explosion des impayés est flagrante car il devient impossible de gérer les factures. On ne peut pas y rester insensible, insiste Reine Hue, qui a la même lecture des émeutes : "Elles ont révélé et accentué les fragilités structurelles du pays, qui connaissait déjà des déséquilibres sur le plan économique, social et institutionnel. Aujourd’hui, nous traversons une crise systémique et cette situation aggrave les inégalités".
C’est pourquoi, en complément des mesures dédiées à la relance économique, ce groupe indépendantiste souhaite décréter cet état d’urgence pour que "la Nouvelle-Calédonie ne devienne pas une bombe sociale". Et ce, à travers un soutien plus massif de l’État en vue d’établir "une stratégie nationale de solidarité pour sortir durablement de la crise", lance Maria Waka, pour qui "si on ne fait rien, tout va empirer et on aura encore une population qui va se révolter comme on en a eu un avant-goût le 13-Mai."
Pour le groupe UC-FLNKS, la reconnaissance formelle de l’urgence sociale permettra notamment, via l’État et d’autres institutions (Unions européenne, Fonds monétaire international, etc.) de mobiliser des moyens "exceptionnels" en vue de "restaurer la confiance d’une population profondément meurtrie et en perte de repères."
Demander davantage d’aides de la France alors que ce mouvement qui lutte pour l’accession à la souveraineté pleine et entière de Kanaky peut sembler paradoxal. Mais le groupe assume et défend, une nouvelle fois, cette position, jugeant que l’État a sa part de responsabilité dans le déclenchement des émeutes : "On a eu de cesse de marteler que ce qui s’est produit le 13-Mai est avant tout lié à cette fameuse méthode Darmanin-Lecornu et consorts de vouloir passer en force. L’État a fauté, donc l’État doit réparer", insiste Pierre-Chanel Tutugoro, néanmoins conscient que la France traverse "une situation financière difficile". "À travers cette résolution, notre démarche doit également permettre à la collectivité de la Nouvelle-Calédonie d’élargir les couloirs pour aller faire appel à des dispositifs qui existent au niveau régional et international."
La résolution sur l’urgence sociale prévoit :