
L’application de la loi sur la réduction de l’utilisation des produits à usage unique, dite loi "anti-plastique" est en partie entrée en vigueur mardi 1er juillet en Polynésie française. Votée en 2024, elle prévoit d’ambitieuses mesures de réduction des déchets, étalées sur trois ans. Après l’obligation de proposer de l’eau du robinet dans les snacks et restaurant en début d’année, le texte interdit désormais la vente, l’import ou l’utilisation des gobelets, assiettes, touillettes, pailles ou couverts jetables en aluminium ou en plastique. En janvier prochain, les snacks et roulottes seront contraints d’utiliser, pour les plats consommés sur place, de la vaisselle lavable et réutilisable. Suivront les barquettes jetables pour les plats préparés en juillet 2026, puis les emballages plastiques des fruits et légumes début 2027 et, enfin, tous les films plastiques un an plus tard.
Mercredi 2 juillet, à l’Assemblée de Polynésie, une élue autonomiste, Nicole Sanquer, a interpellé le gouvernement sur le sujet, s’interrogeant sur le manque d’accompagnement des entreprises ainsi que de solutions alternatives qui leur sont offertes. Elle estime que beaucoup de "petites structures" sont livrées à elles-mêmes, alors que des produits de substitution à certains plastiques à usage unique sont trop chers pour être viables, peu connus voire inexistants. Il ne s’agit pas "d’abandonner la mesure ou de bénéficier d’un confort à la rentabilité économique, mais d’un accompagnement plus réaliste et adapté aux spécificités de chaque activité, précise l’élue. Dans certains cas, l’utilisation de gobelets en carton avec ou sans laminage intérieur en plastique n’est pas envisageable. Ces contenants ne sont pas conçus pour des boissons épaisses et froides comme les smoothies, pourtant plus sains que les sodas plus sucrés".
En réponse, le ministre de l’Environnement Taivini Teai a rappelé que l’effort de réduction des déchets était mondial, et particulièrement crucial pour la Polynésie, et que les acteurs économiques avaient été associés aux longues discussions préparatoires de la loi, votée à l’unanimité de l’assemblée et avec avis favorable du Cesec l’année dernière. Il assure que les contrôles ont déjà débuté et que les sanctions vont bientôt suivre. Le ministre s’est dit "pleinement mobilisé pour garantir une transition juste, progressive et adapté aux réalités économiques locales", et considère que la fin des plastiques à usage unique peut être une "opportunité" pour beaucoup d’acteurs, tant sur le plan environnemental qu’économique.
Le membre du gouvernement reconnaît malgré tout que "certains produits doivent bénéficier de dérogation, parce qu’on n'a pas de substitution à proposer à nos utilisateurs". Ou parce que des stocks importants subsistent sur le territoire. Ces dérogations sont possibles, aux termes de la loi, au cas par cas. Le ministre explique que le mouvement est aussi lancé chez les producteurs locaux d’emballage.
Nicole Sanquer, elle, juge que les autorités pourraient faire davantage preuve de souplesse. "On a regardé un peu ce qui se passait ailleurs, et on a vu des mesures d’accompagnement sur la formation, un travail pour centraliser et faire baisser les prix d’achat, réfléchir ensemble sur le meilleur contenant, celui qu’on arrive mieux à recycler… Il faut peut-être qu’on rallonge la période de transition pour accompagner les petites structures qui ont du mal à trouver la bonne solution et qui se verront sanctionner rapidement.".