
Nommé à la tête de la cour d’appel de Nouméa par un décret du 17 février, Bruno Karl est visé par une enquête, a dévoilé l’AFP jeudi 3 juillet. L’enquête, ouverte en décembre 2024, vise l’ancien président du tribunal judiciaire de Saint-Denis ainsi qu’Alain Chateauneuf, ex-premier président de la cour d’appel de La Réunion, a précisé le parquet. Les deux magistrats sont soupçonnés d’avoir transmis des informations confidentielles à un troisième individu, présenté comme un intermédiaire dans plusieurs affaires de corruption.
Les investigations ont commencé mi-2024 après un contrôle fiscal visant cet intermédiaire. L’exploitation de son téléphone aurait permis de découvrir des données sensibles impliquant plusieurs chefs d’entreprise locaux. Selon une source proche du dossier, l’intermédiaire et Bruno Karl résidaient dans le même immeuble à Saint-Denis, le chef-lieu de La Réunion. L’intermédiaire aurait tiré parti de cette proximité pour proposer à certains justiciables, notamment des chefs d’entreprise, une intervention auprès de Bruno Karl afin de faire évoluer leur dossier en leur faveur.
Des soupçons similaires pèsent sur Alain Chateauneuf, récemment nommé à la cour d’appel de Dijon après avoir dirigé la cour d’appel de La Réunion de 2018 à 2024. Bruno Karl, lui, a été président du tribunal judiciaire de Saint-Denis de 2017 à 2022, avant d’être nommé en Nouvelle-Calédonie. "Je connais effectivement ce monsieur [l’intermédiaire NDLR], mais je ne suis pas au courant de cette enquête. Je ne sais pas de quoi il s’agit précisément, a commenté auprès de l’AFP Bruno Karl, affirmant avoir entendu parler de l’enquête dans la presse. Je n’ai évidemment jamais demandé quoi que ce soit à un collègue, ni d’intervenir dans un dossier", a-t-il ajouté. Alain Chateauneuf n’a pas souhaité faire de commentaire. À ce stade, aucune mise en examen n’a été prononcée et les deux mis en cause n’ont pas été entendus, indique le parquet de Saint-Denis.