
De grande stature, fossette au menton et le front dégarni, l’ancien patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale (2022-2024), âgé de 54 ans, était père de deux filles. Il était le fils de l’ancien secrétaire d’État et baron politique du Cantal Alain Marleix. Entré en politique au mitan des années 1990, Olivier Marleix s’était ensuite implanté en Eure-et-Loir, loin de la circonscription auvergnate de son père. Conseiller général de ce département de 2008 à 2014, il s’était retrouvé il y a un an en ballottage défavorable face à un candidat du RN au premier tour des législatives anticipées, avant de s’imposer au second.
Lundi 7 juillet, c’est peu avant 15 heures que les gendarmes, alertés par l’assistante parlementaire du député et par la maire d’Anet, "toutes les deux inquiètes de l’absence de ce dernier à des rendez-vous prévus le matin en Eure-et-Loir et de son absence ensuite à l’Assemblée nationale", ont pénétré dans son domicile. Ils y ont découvert "son corps inanimé, pendu […] dans une chambre à l’étage de la maison", rapporte un communiqué du procureur de Chartres, Frédéric Chevallier. Au terme des premières constatations médico-légales, "il peut être exclu l’intervention d’un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquent privilégiée", a-t-il ajouté. Une autopsie doit être pratiquée mercredi matin. "Un téléphone et des ordinateurs" ont été saisis en vue d’être rapidement analysés mais, "en l’état, aucun écrit n’a été retrouvé pouvant intéresser l’enquête".
Le président Emmanuel Macron, qui a souvent été la cible des attaques virulentes d’Olivier Marleix, gaulliste et fervent antimacroniste, a cependant rendu hommage à un "homme politique d’expérience" qui "défendait ses idées avec conviction" dans un message sur le réseau social X. De son côté, le Premier ministre François Bayrou a exprimé, sur le même réseau social, sa "stupéfaction" et son "immense tristesse", reconnaissant que "l’on ne se rend jamais compte de la fragilité des êtres humains…"
Des élus calédoniens, marqués par sa disparition, l'ont évoquée sur les réseaux, à l'image du sénateur Georges Naturel, qui évoque notamment le "sens du dévouement" de son collègue parlementaire. C'est le cas également de sa famille politique locale, Le Rassemblement - Les Républicains, qui parle d'un "homme de conviction, de travail et d'écoute", et de Virginie Ruffenach.
À l’Assemblée, où Olivier Marleix siégeait depuis 2012, l’annonce de sa mort a bouleversé les députés qui ont observé une minute du silence. Après avoir salué la mémoire d’un homme "droit, rigoureux, profondément humain", la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, doit proposer ce mardi à la conférence des présidents de la chambre basse qu’un hommage soit rendu à Olivier Marleix à 15 heures. Proche de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, le député avait soutenu ce printemps la candidature de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez, lequel lui avait succédé l’an dernier à la présidence des députés LR. "Nous n’oublierons pas l’homme de conviction, défenseur inlassable de l’intérêt général dont la vision tirait vers le haut le débat public", a réagi le député de Haute-Loire.
L’ex-chef de l’État Nicolas Sarkozy a rendu hommage à celui qui fut son conseiller technique à l’Élysée, "un collaborateur précieux, un soutien fidèle dont l’engagement ne m’a jamais fait défaut". Dans un communiqué à l’AFP l’ancien Premier ministre Édouard Balladur a salué "un grand parlementaire aux qualités reconnues par tous", qui "avait les capacités d’un homme de gouvernement".
Parmi ses adversaires politiques aussi, beaucoup ont salué la mémoire de cette figure de l’Assemblée. L’ancien président socialiste François Hollande a fait valoir que la "fidélité pour son parti ne le détournait pas du respect qu’il affichait avec élégance pour les idées qui n’étaient pas les siennes". "Il fut un élu de terrain, rigoureux, engagé au service de ses idées", a réagi Marine Le Pen, présidente du groupe RN, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a rendu hommage à "un adversaire politique toujours respectueux, une voix singulière, attachée à défendre la souveraineté industrielle de la France". Le patron de Renaissance, Gabriel Attal, a décrit "un homme de passion et de conviction, défendant avec sincérité ses idéaux".
C’est la quatrième fois sous la Ve République qu’un député se suicide, après Aymeric Simon-Lorière en 1977, Pierre Bérégovoy en 1993 et Jean-Marie Demange en 2008.