
Elle n’a pas encore 17 ans mais son potentiel fait d’elle un des grands espoirs de l’athlétisme calédonien. Hailey Gowe s’est distinguée à l’occasion des championnats de France handisports, les 12 et 13 juillet à Belfort dans le nord-est de la Métropole. La jeune fille y a battu trois records personnels et a remporté pas moins de trois médailles.
L’or en longueur avec un saut à 5,34 mètres (record personnel). Une catégorie non paralympique mais qui, à titre de comparaison, lui aurait permis de remporter les Mini-Jeux de Palau…
La jeune femme a également battu son record au lancer de disque, avec un jet à 27,25 mètres et une médaille d’argent à la clé. Hailey ramène également dans ses bagages une autre médaille d’or, sur 100 mètres, en battant là aussi son record personnel avec un temps de 13''20. Des performances et des titres de championne de France qui lui ouvrent l’espoir de se qualifier pour les Deaflympics, l’équivalent des Jeux paralympiques pour les sourds.

Car la jeune Hailey souffre de surdité profonde. Un handicap qui lui permet de participer à des compétitions handisports mais pas aux Jeux paralympiques. Le comité olympique estime en effet que cette déficience ne donne pas lieu à une adaptation particulière et n’est pas considérée comme un handicap. Les sourds disposent donc, depuis 1924, de leur propre compétition, les Deaflympics. La prochaine édition aura lieu à Tokyo, du 15 au 26 novembre.
Il reste à Hailey quelques semaines pour décrocher une qualification. Pas impossible au vu de ses performances, qui la rapprochent des records de France de la catégorie en longueur (5,63 m) et au disque (30,84 m).
En tout cas son coach, Florian Geffrouais, y croit. "Le niveau requis est très relevé chez les sourds. Pour les paralympiques, il faut faire des performances de niveau top 10 mondial, pour les sourds, on est plus dans le top 2 ou 3. Les minima se sont durcis pour des raisons de budget, mais au regard de sa progression, c’est faisable", affirme le directeur technique de Track NC, club d’athlétisme calédonien.
Il sait de quoi il parle puisqu’il suit la jeune fille depuis les cours d’EPS de sixième. Il était alors son prof de sport et avait détecté son potentiel. Depuis, il l’entraîne et "aujourd’hui, elle fait partie des meilleures mondiales", ajoute-t-il avec fierté.
Le handicap de sa protégée a renforcé leurs liens. "On a appris à se connaître, de temps en temps il y a des difficultés de compréhension, certains conseils sur des rythmes par exemple qui sont difficiles à transmettre. J’ai appris à signer et avec le temps on a fini par se comprendre sans problème."
Hailey, à qui son entraîneur avait fait découvrir les championnats de France Elite il y a deux ans, a pris conscience à ce moment de son potentiel. "Elle est très fière d’elle, elle a commencé le sport avec des copines sourdes aussi et qui ont décroché depuis, elle s’est accrochée et son travail a payé."
Une fierté que partagent ses parents, heureux de voir leur enfant s’épanouir, et que tous les Calédoniens pourraient également partager si Hailey parvenait à se qualifier pour défendre nos couleurs à Tokyo en novembre.