
Les critiques se multiplient à l’encontre de l’accord de Bougival. Resté jusqu’ici discret sur ce compromis politique signé entre indépendantistes et non-indépendantistes le 12 juillet, le Sénat coutumier est sorti de sa réserve. Présents à Paris durant le sommet, mais écartés des négociations de Bougival, les trois représentants de l’instance coutumière (le président Mahe Gowe, le vice-président Ludovic Boula et le porte-parole Victor Gogny) regrettent, dans un communiqué diffusé ce jeudi 24 juillet, de ne pas avoir été consulté sur le contenu de l’accord.

Or, "le Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie est une institution garante de l’identité kanak et représentative de la légitimité coutumière. Sa mission est de veiller à la prise en compte des valeurs, des principes et des équilibres issus de la coutume dans la vie publique", affirme son président. Ainsi, "le processus ayant conduit à la signature du projet d’accord de Bougival n’a pas respecté les engagements de négociation tripartite incluant les institutions coutumières".
D’autre part, Mahe Gowe s’interroge sur la possibilité offerte au Parlement français de modifier l’article XIII de la Constitution d’ici la fin de l’année, avant même la consultation des Calédoniens prévue en février 2026. Pour toutes ces raisons, le Sénat coutumier estime que "l’État français n’a pas respecté le droit de participation du peuple autochtone kanak" et que "la conformité de l’accord de Bougival au droit international est sérieusement compromise".
L’instance appelle ainsi toutes les autorités coutumières à engager, dans leurs aires respectives, "une réflexion constructive, en vue du 25e Congrès du pays kanak prévu fin août 2025" avec l’objectif de définir une "position officielle" commune sur la trajectoire à venir du peuple kanak.