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En Nouvelle-Zélande, les éleveurs de moutons craignent la reforestation
AFP | Crée le 28.07.2025 à 14h01 | Mis à jour le 28.07.2025 à 14h01

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Les éleveurs de moutons néozélandais se battent pour stopper la perte de pâturages au profit de plantations de pins pour compenser les émissions de CO2. Photo AFP / Kavinda Herath
Les moutons sont-ils menacés par la lutte contre le changement climatique en Nouvelle-Zélande ? Les éleveurs s’alarment de voir leurs pâturages reculer face aux pinèdes, subventionnées car elles contribuent à absorber les émissions de CO2, jusqu’à lancer une campagne "Sauvez nos moutons" afin d’alerter sur le sujet.

Dans un pays qui compte près de cinq fois plus d’ovins que d’humains, l’ampleur des conversions de terres agricoles en forêts de pins inquiète jusqu’au gouvernement, qui a décrété en décembre un moratoire sur les nouveaux projets. Mais, les éleveurs accusent l’industrie forestière de violer cette décision et leur organisation Federated Farmers a récemment lancé une campagne intitulée "Sauvez nos moutons" pour alerter sur le phénomène.

Éleveur près de la ville de Wyndham sur l’île du Sud, Dean Rabbidge s’inquiète de voir disparaître les pâturages vallonnés typiques de la campagne néo-zélandaise, quadrillés de clôtures de fil barbelé et parsemées de moutons paissant l’herbe verte. "On ne fait que plus que traverser de longs tunnels de pins, sombres, humides et détrempés", regrette l’agriculteur.

23 millions de moutons pour 5 millions d’habitants

Le déclin du secteur n’est pas nouveau : la Nouvelle-Zélande compte 23 millions de moutons pour cinq millions d’habitants, bien loin des 70 millions d’animaux recensés dans les années 1980. En cause : la baisse du prix de la laine, dont le pays est un gros exportateur – notamment celle des mérinos -, ainsi que la concurrence de l’élevage laitier. Mais depuis 2008 s’est ajouté un mécanisme public visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pour cela, les propriétaires terriens sont encouragés à planter des pins à croissance rapide, qui peuvent absorber et stocker du CO2 par la photosynthèse. Ils reçoivent ainsi des crédits carbone qu’ils peuvent revendre aux entreprises qui cherchent à compenser leurs émissions. La Nouvelle-Zélande est l’un des seuls pays à autoriser la compensation de 100 % des émissions dans des projets liés aux forêts.

L’annonce du moratoire n’a pas réglé le problème, selon Federated Farmers. La fédération a soumis au gouvernement une liste de propriétés qui auraient été vendues pour des projets forestiers en lien avec le marché carbone, représentant plus de 15 200 hectares. "Ils continuent d’avancer, ils répondent à l’annonce du gouvernement par un doigt d’honneur, tempête l’éleveur Dean Rabbidge. Ce qui se passe est criminel." Le gouvernement a promis de modifier la loi d’ici octobre, reconnaissant qu’il était devenu plus rentable de planter des forêts de pins que d’élever des moutons. Il s’agira aussi de "clarifier" quelles conversions respectent le moratoire, a indiqué le ministre de l’Agriculture et des Forêts, Todd McClay, assurant que les terres acquises depuis son entrée en vigueur le 4 décembre ne pourraient pas participer au marché des crédits carbone.

Les crédits carbone mis en cause

"Nous ne sommes pas opposés à la plantation d’arbres, souligne l’éleveur ovin Ben Fraser. Il y a des zones de terre qui devraient être converties, qui ne sont pas forcément productives." Mais, l’agriculteur estime que le système de crédits carbone a provoqué des pertes excessives de pâturages et par conséquent un exode de la population de la région de l’île du Nord où se trouve son exploitation.

Il a compté : depuis 2018, 17 élevages ont disparu au profit de projets de sylviculture dans son canton. "Cela représente environ 18 000 hectares en moins. Cela fait donc environ 180 000 moutons qui ont disparu du district, plus les agneaux", déplore-t-il, avec des répercussions sur l’économie locale. "Les fournisseurs des fermes, les vendeurs d’engrais, les supermarchés, les bouchers, ils sont tous en difficulté, constate-t-il. Les écoles accueillent moins d’enfants. Les gens qui sont restés sont maintenant isolés, entourés de pins."

L’agriculture représente plus de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre de la Nouvelle-Zélande, selon les chiffres du gouvernement. Mais, les exploitants assurent avoir fait d’importants efforts pour réduire leurs émissions, en baisse de plus de 30 % depuis les années 1990. "Tout se fait à l’extérieur et à faible coût, avec une intensité faible ou modérée, souligne Dean Rabbidge. Je pourrais envoyer un gigot d’agneau dans une assiette à Londres en émettant moins, transport compris, qu’un agriculteur britannique."

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