
Le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai et le Premier ministre cambodgien Hun Manet ont entamé des pourparlers sous l’égide du dirigeant malaisien Anwar Ibrahim lundi 28 juillet dans l’après-midi, alors que la Thaïlande et le Cambodge continuent de s’accuser mutuellement d’entretenir les hostilités, avant de s’asseoir à la table des négociations, sous l’œil des États-Unis et de la Chine.
Les deux royaumes s’opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l’Indochine française, mais rarement dans l’histoire moderne un tel épisode de violences a secoué la région. Les échanges de tirs, notamment d’artillerie, et les frappes aériennes ont fait depuis jeudi 24 juillet au moins 35 morts et provoqué le déplacement d’environ 220 000 personnes. À quelques heures de la réunion, des combats ont continué de faire rage près de temples angkoriens contestés. "C’est le cinquième jour que la Thaïlande a envahi le territoire cambodgien avec des armes lourdes et le déploiement de beaucoup de soldats", a déclaré la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata. L’armée thaïlandaise a aussi confirmé des combats à plusieurs endroits.
Avant d’embarquer pour la Malaisie, le Premier ministre thaïlandais par intérim a dit douter des intentions du camp rival. "Nous ne pensons pas que le Cambodge agisse de bonne foi, compte tenu de leurs actions pour régler le problème. Ils doivent faire preuve d’une intention sincère", a-t-il déclaré. "Nous avons besoin de discussions bilatérales pour négocier l’arrêt des combats. Cependant, un cessez-le-feu ne signifie pas que tout reviendra comme avant", a prévenu le dirigeant.
Le chef du gouvernement malaisien Anwar Ibrahim joue le rôle de médiateur, son pays occupant la présidence tournante du bloc régional de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. Le président américain Donald Trump, qui a appelé le chef des deux camps samedi 26 juillet, a exhorté les deux pays à s’entendre autour d’un accord rapide, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août. Des représentants américains sont en Malaisie pour "soutenir les efforts de paix", a déclaré le secrétaire d’État américain Marco Rubio. "Nous voulons que ce conflit se termine le plus tôt possible."
Les relations diplomatiques entre les deux royaumes voisins, liés culturellement et économiquement, sont au plus bas depuis des décennies. L’épisode en cours tire son origine de la mort d’un soldat khmer fin mai, lors d’un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, les deux royaumes ont annoncé une série de mesures qui ont tari les échanges commerciaux et le déplacement des personnes, sur fond de flambée du discours nationaliste.
Quatre agents de sécurité ont été tués et une autre personne blessée au cours d'une fusillade lundi 28 juillet sur un marché populaire de produits frais de la capitale thaïlandaise, très prisé chaque week-en. "La police enquête sur le motif de la fusillade. Pour l'instant, il s'agit d'une fusillade de masse", a déclaré à l'AFP Worapat Sukthai, chef adjoint de la police du district de Bang Sue, à Bangkok. Il a précisé que le suspect, qui n'était toujours pas identifié, s'était suicidé après. "Un lien éventuel" est recherché avec les affrontements frontaliers actuels entre la Thaïlande et le Cambodge. Une tour de construction de 30 étages s'était effondrée non loin de là lors du violent séisme qui a touché la Birmanie et la Thaïlande fin mars.