
Les seize sénateurs coutumiers, représentant les huit aires du pays, achèveront le 30 août leur mandat de cinq ans. Pour marquer la fin de cette cinquième mandature, le Sénat coutumier organise le Mois des institutions coutumières dans un contexte particulier "post-Bougival" et alors que plusieurs légitimités s’entrechoquent dans le débat public. Le Sénat affiche comme objectifs la valorisation du rôle des institutions coutumières, la transmission des savoirs coutumiers entre générations et la promotion du dialogue entre la coutume et les institutions de la République.
Les représentants coutumiers se prononceront également sur le texte signé à Bougival, pour lequel de nombreuses interrogations ont été soulevées [1], notamment sur la reconnaissance de l’identité kanak et la poursuite du processus de décolonisation. Le texte signé le 12 juillet en région parisienne, qualifié par le juriste Raphaël Mapou de "grande nébuleuse" a donné lieu à une sollicitation des élus du Congrès signataires du document, afin qu’ils viennent éclairer les sénateurs sur les points qui leur paraissent confus. Selon les sénateurs, ces derniers se seraient engagés à le faire prochainement.
Une assemblée générale des huit pays kanak sera organisée le 8 août, veille de la Journée internationale des peuples autochtones. Elle donnera lieu à une synthèse des mandatures passées (1998 à 2025) et jettera les bases du Congrès du pays kanak prévu, lui, les 29 et 30 août. C’est à ce moment-là que les coutumiers prendront officiellement position sur le document de Bougival.
Un exercice délicat tant les positions sont diverses parmi les coutumiers, et au moment où d’autres légitimités coutumières s’invitent régulièrement dans le débat public. Un argument que balaie le président de l’institution, Mahe Gowe. "Le Sénat a une légitimité. Si d’autres voix se lèvent, que chacun assume son rôle. Nous, le nôtre est de répondre aux préoccupations de l’ensemble de la population et de défendre l’identité kanak." "Dans le clan, chacun a une fonction. Quand on tient son rôle dans le clan, on laisse de côté ses opinions politiques", appuie le sénateur Drehu Ludovic Boula.
Pour renforcer son poids dans le débat politique, les coutumiers préparent deux projets de loi du pays, dont l’un porte notamment sur la reconnaissance juridique des chefferies. Le second concerne le mode de désignation des sénateurs, en définissant le corps des grands coutumiers appelés à désigner leurs représentants.
Ce Mois des institutions coutumières sera également l’occasion de mettre en valeur un des piliers de la société kanak, l’igname. "Il nous semble important de remettre cette valeur au centre et de revenir à nos racines", explique le sénateur de l’aire Paicî-Cèmuhî et vice-président du Sénat, Maurice Wimian. "L’igname accompagne le Kanak de sa naissance à sa mort et c’est le point de départ de toutes les activités coutumières. C’est un élément central, surtout lorsque l’on parle de solidarité alimentaire et de transmission de valeurs."
Un évènement sera organisé durant la semaine du 11 août au Conservatoire de l’igname, qui ne recèle pas moins de 153 variétés de ce tubercule. Une vente de semences sera proposée à des prix allant de 410 à 450 francs le kilo, dans la limite de 10 kg par personne.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/accord-de-bougival-pour-le-senat-coutumier-l-etat-francais-n-a-pas-respecte-le-droit-de-participation-du-peuple-autochtone
[2] https://www.lnc.nc/user/password
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