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Pour l’UC, "Bougival, c’est fini"
Anne-Claire Pophillat | Crée le 31.07.2025 à 19h06 | Mis à jour le 04.08.2025 à 14h29

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Emmanuel Tjibaou, signataire de l’accord de Bougival et président de l’UC a indiqué, lors de la conférence de presse de ce jeudi 31 juillet, qu’il avait été convenu à Paris que le document était provisoire. Photo A.-C.P.
Dans une conférence de presse ce jeudi 31 juillet, l’Union calédonienne est revenue sur les raisons de son rejet de l’accord de Bougival. Pour le parti indépendantiste, le document ne constitue pas un équilibre de deux visions, puisqu’il permet "le maintien de la Nouvelle-Calédonie française". Explications.

Après le rejet, le 21 juillet, par la commission exécutive de l’UC, [1] puis quelques jours après, le 23 juillet, l’avis "très réservé" des membres du bureau politique du FLNKS [2], l’Union Calédonienne, réunie en comité directeur à Gatope, dans la commune de Voh, le 26 juillet, a acté son opposition à l’accord de Bougival, confirme le parti lors d’une conférence de presse ce jeudi 31 juillet. L’UC considère que le document ne respecte pas les fondamentaux de la lutte du peuple kanak, et ne règle pas la question du droit à l’autodétermination et les modalités de son exercice, ainsi que les principes de décolonisation et la contestation du 3e référendum.

"Une décolonisation interne dans la France"

Si la reprise en main des négociations par le président de la République était attendue par certains représentants politiques après l’échec de Deva, le mouvement indépendantiste estime que cela a finalement "conduit le dialogue entre les partenaires de l’accord de Nouméa dans une nouvelle impasse". Une impasse qui se traduit dans le contenu de l’accord de Bougival, qui pose le principe d’une "décolonisation interne dans la France". Or, le FLNKS "n’a jamais accepté un statut d’autonomie dans la France" et se bat pour "une décolonisation externe par accession à la pleine souveraineté", rappelle Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne.

Autre point d’achoppement : la mention, dans le texte, d’une "identité kanak" qui, considère l’UC, serait "diluée" au sein d’un "peuple calédonien", abandonnant ainsi la reconnaissance des Kanak en tant que peuple dans la Constitution française et ce dont elle s’accompagne, c’est-à-dire "leur droit propre à la décolonisation reconnue en droit international". Les critiques fusent également sur le mécanisme instauré pour le transfert des compétences, un vote aux 3/5e des élus du Congrès, alors même que s’ouvre le corps électoral. "Autrement dit, ce sont les non-indépendantistes qui auront le pouvoir de nous autoriser ou non à demander la souveraineté." La création d’une nationalité, elle, ne vaut pas grand-chose, souligne Emmanuel Tjibaou, président de l’UC et signataire. "Je ne veux pas dire que c’est une nationalité de papier, mais c’est quand même compliqué de défendre quelque chose qui est déjà une attribution de la citoyenneté dans l’accord de Nouméa."


Mickaël Forrest, signataire et vice-président de l’UC, n’a pas manqué de rappeler que le plancher restait l’accord de Nouméa. Photo A.-C.P.

"On n’a pas retrouvé nos propositions"

Ce que reproche également la délégation présente à Paris est le manque de prise en compte de leurs propositions dans la version définitive du document. "On a fait des amendements qu’on n’a pas retrouvés." Et certains des éléments n’ont pas fait l’objet de compromis, assure Emmanuel Tjibaou. "Une partie des termes posés n’a pas été négociée, la question des sièges au Congrès, la notion du peuple calédonien, la fiscalité aux provinces, etc. C’est pour cela que la méthode nous interroge." D'autant que les avancées que comporte l’accord "sont verrouillées".

Un document "provisoire"

C’est la question que nombre de personnes se posent depuis le 12 juillet : pourquoi les membres de la délégation du FLNKS ont-ils signé l’accord de Bougival ? Pour Emmanuel Tjibaou, il n’y a pas d’ambiguïté. "C’était un engagement de notre part, de ramener un texte comme base de travail à présenter à nos structures. Je n’avais pas mandat pour signer un accord politique, mais pour sanctuariser les discussions." Et c’était aussi un engagement de l’État, insiste le député. "C’est l’objet de notre dernier échange avec le ministre le soir où on a signé, la parole qui a été donnée : 'Vous signez le document, vous le portez à l’analyse de vos bases, et c’est sur ses retours que la discussion se poursuit.' Nous, on n’a pas changé de discours. On a signé un projet d’accord, on est revenu et les structures se sont prononcées." Il s’agissait d’un document "provisoire".

"Passer à une étape post-Bougival"

Mickaël Forrest, vice-président de l’UC, lève tout doute quant à la position de l’Union Calédonienne. "Pour nous, Bougival, c’est fini. Notre comité directeur nous a demandé de pouvoir passer à une étape post-Bougival." En conséquence, le mandat des signataires tombe de fait, en même temps que l’accord. Et une nouvelle équipe prendra le relais si besoin.


Christian Tein a participé à la conférence de presse en visioconférence. Le commissaire général de l’UC et président du FLNKS considère qu’il "n’est pas possible de faire un peuple ensemble dans le cadre de cet accord tel qu’il est emmené". Photo A.-C.P.

Après la séquence de Deva, qui s’est soldée par un échec, les loyalistes s’étant retirés, la séquence Bougival s’achemine vers la même conclusion. Il s’agit simplement d’une étape. L'UC prône la poursuite des discussions. La trajectoire demeure l’accession à la pleine souveraineté avec, comme plancher, l’accord de Nouméa. "Notre motion de Mia, à Canala, en novembre 2024, nous laisse jusqu’au 24 septembre pour trouver un accord politique. S’il n’y en a pas, on examinera la situation ainsi créée."

La suite se passera à la Conception, samedi 9 août, avec l’organisation d’un congrès extraordinaire du FLNKS, jugé "indispensable pour dégager des perspectives pour la poursuite du dialogue, travailler au renforcement de la cohésion et de l’unité du FLNKS". La page Bougival est tournée, pose Emmanuel Tjibaou. "Si Manuel Valls décide de signer un accord politique de décolonisation sans le mouvement de libération, cela n’a pas de sens."

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