
"Les crises nous ont rappelé que nous vivons sur une île avec des ressources limitées. De tout temps, l’homme a toujours su valoriser les ressources dont il disposait. La globalisation nous a fait croire que nous pouvions avoir du marbre dans le monde entier. La réalité, c’est qu’il faut savoir utiliser les matériaux que l’on a." Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de la construction, pose le cadre de l’exposition "L’Aventure Terra Fibra" lors de la conférence de presse d’inauguration qui se tenait le mardi 29 juillet.
Jusqu’au 19 octobre, le centre culturel Tjibaou accueille une exposition autour de l’architecture. "L’Aventure Terra Fibra", c'est en fait trois expositions. La première, "Architectures contemporaines en terre et en fibres", est une version adaptée à la Nouvelle-Calédonie de "Architectures TerraFibra", proposée par le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, avec Dominique Gauzin-Müller, architecte-chercheuse, et Aurélie Vissac, ingénieure, en commissaires d’exposition.
Vingt-quatre bâtiments, sélectionnés pour leur cohérence avec la Nouvelle-Calédonie – soit en raison de leur zone géographique, soit des matériaux utilisables sur le Caillou – sont exposés. Terre, paille, bambou, bois… Tous ont été lauréats de l’un de ces quatre prix : Terra Awards, Fibra Awards, TerraFibra Awards ou Materia Awards. Le collège de Païamboué, à Koné, a reçu un prix en 2016 et est lui aussi exposé dans la salle Kavitara.

Steven Meriadec, chef de la cellule urbanisme et aménagement du gouvernement et architecte, est le commissaire de la seconde exposition : "Architecture calédonienne durable". Dans la grande allée principale du centre culturel, le visiteur peut ainsi découvrir dix projets architecturaux locaux dont les exigences répondent aux critères de "L’Aventure Terra Fibra" et au mouvement architectural "Frugalité heureuse". Matériaux bio et/ou géosourcés, matériaux réutilisés, intégration du bâtiment dans le respect de l’espace, tant géographique que symbolique ou culturel… S’y trouvent ainsi la mairie de Hienghène, livrée en 2012, le nouvel accueil tout en bois du parc des Grandes Fougères (2024), ou encore la place Constantine, à la Vallée-du-Tir, avec ses grilles datant de la Seconde Guerre mondiale et son œuvre d’art dessinée par Yvette Bouquet.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie porte cette exposition avec l’Ordre des architectes de Nouvelle-Calédonie ou encore la Mission aux affaires culturelles. L’institution a décidé d’intégrer également des étudiants au projet. Les élèves du BTS et du Bac pro ERA (étude et réalisation d’agencement) se sont retrouvés sans établissement à la suite des dégradations du lycée Petro-Attiti lors des violences de mai 2024. S’ils ont déménagé au lycée Jules-Garnier, trouver des stages en entreprise est resté une étape particulièrement difficile. "Nous avons donc envisagé un “coworking” inversé", indique le coordinateur de la filière, Jean-Christophe Ponthus. Ainsi, les étudiants ont travaillé sur l’exposition en se concentrant sur les matériaux bio et/ou géosourcés calédoniens. Ils ont réalisé des échantillons de chanvre de construction ou encore de bourre de coco, et ainsi mis en avant des matériaux locaux, écologiques et simples d’utilisation.

Pour les aider à réaliser les panneaux descriptifs, le BTS communication du lycée Lapérouse a intégré l’aventure. Les étudiants ont donc conçu les panneaux, mais également de nombreuses vidéos qui viennent enrichir l’expérience de l’exposition "Aventure Terra Fibra". Des vidéos sont visibles grâce à des QR codes. Le 2 septembre, les étudiants des deux BTS inaugureront un complément de l’exposition, qui se tiendra dans la case Kanakê, pour une expérience totale de l’architecture locale écologique.