
C’est un "espace clé" pour de nombreuses nations du monde, mais aussi une zone qui n’échappe pas aux crises et aux rivalités caractéristiques de l’époque. L’Indopacifique, qui s’étend des rives africaines à l’océan Pacifique, constitue "une importance cruciale" et un endroit stratégique pour la France, qui vient de réaffirmer les intérêts qu’elle y porte et qu’elle entend continuer de défendre. Le 18 juillet, le gouvernement français a en effet publié une mise à jour de sa stratégie indopacifique.
Développée pour la première fois en 2018, cette feuille de route avait déjà été actualisée en 2022. Sa version 2025 consacre "la singularité du positionnement français" dans la région et présente la France comme une nation "de paix, de stabilité, de coopération et de prospérité", qui entend La continuer "à défendre ses intérêts en Indopacifique et à y accroître son engagement". Elle s’articule autour de quatre axes.
Le premier concerne le "renforcement de ses collectivités ultramarines", à savoir La Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) et l’Île de La Passion-Clipperton, "principaux acteurs et bénéficiaires" de la stratégie française dans la région. La France affirme qu’elle continuera de soutenir l’intégration de ces territoires au sein d’organisations régionales, à l’image de la Communauté du Pacifique (CPS), dont le siège se situe à Nouméa, ou encore le Forum des îles (FIP), dont fait partie la Nouvelle-Calédonie. La France indique également y défendre "l’amélioration des échanges régionaux et de la connectivité, qu’elle soit numérique, maritime ou aérienne, ainsi que le soutien à l’innovation locale".
Surtout, dans un contexte de tensions stratégiques accrues, le programme militaire français dans la zone va être considérablement renforcé : la loi de programmation militaire 2024-2030 alloue un budget prévisionnel de 13 milliards d’euros pour l’ensemble des Outre-mer, permettant notamment la livraison progressive de six patrouilleurs Outre-mer, l’arrivée d’une première corvette, et le renouvellement de la flotte d’hélicoptères polyvalents.
Deuxième axe : la "consolidation des partenariats de souveraineté avec les pays de l’Indopacifique". L’objectif affiché est de renforcer "notre sécurité et notre résilience", à travers par exemple des exercices militaires bilatéraux et multilatéraux, le développement des Académies du Pacifique en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, de programmes humanitaires ou encore une meilleure gestion des risques de catastrophes (programme Piroi). La France y voit aussi un levier de développement économique (construction d’infrastructures stratégiques, de réseaux de transports, sécurisation des chaînes d’approvisionnement…), ainsi qu’une façon de relever les défis sanitaires et climatiques de la région (soutien à la recherche scientifique, programmes de résilience climatique…). Dans cette optique, elle annonce qu’elle soutiendra le projet d’accord de libre-échange entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu.
Le troisième axe s’intéresse au multilatéralisme que la France veut appuyer dans la région Indopacifique. Concrètement, elle soutient "les organisations régionales dont elle est membre plein ou observateur, que ce soit par le financement de programmes ou la mise à disposition de son expertise, en particulier dans la gestion des enjeux communs".
Enfin, l’actualisation de la stratégie indopacifique de la France repose sur un dernier volet : appuyer les intérêts de l’Union européenne dans la zone. La France y appuiera la conclusion de partenariats européens, en particulier avec l’Inde et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), ainsi que d’accords commerciaux "ambitieux".