"Il y en a qui n’ont pas été recensé", "Les recensements sont une fumisterie monumentale, comment évaluer le nombre de gens qui ne se sont pas fait recenser, volontairement ou pas ?", "Moi, j’ai jamais vu la bande chez moi"… Sur les réseaux sociaux, les commentaires de personnes n’ayant pas été recensées avaient fleuri lors de l’enquête de terrain menée par les agents. Ils se sont à nouveau multipliés à l’annonce des premiers résultats la semaine dernière par l’Insee et l’Isee. La question a été posée aux représentants des deux instituts.

Le recensement s’effectue par des agents qui renseignent une feuille de logement par foyer, ainsi qu’un bulletin individuel par occupant. Cette étape s’appuie sur une base précise de logements existants, explique Jean-Philippe Grouthier, chef de mission de l’Insee, Institut de la statistique et des études économiques national, qui a supervisé l’opération. La liste comprend tous ceux "connus en 2019" – la Nouvelle-Calédonie en comptait alors 109 000. Elle a ensuite été retravaillée avec "les communes, l’OPT, des fournisseurs de services, mais aussi des photos aériennes pour rajouter des petits bâtis, détaille Jean-Philippe Grouthier. Après, les agents sont allés sur le terrain, donc on a à peu près la certitude que la base de logement est exhaustive."

Résultat, affirme Jean-Philippe Grouthier : 96 % des logements ont été visités, soit environ 105 000, et 4 % ne l’ont pas été, soit environ 4 000. Pour une partie de ces résidences, les agents n’ont pas eu de réponse complète. "On a pris en compte dans les logements non déclarés, le nombre moyen de personnes par logement déclaré." Les habitants n’ayant pas été recensés sont donc malgré tout comptabilisés. Cela représenterait quelques milliers de personnes, "une faible proportion". "Le statisticien regarde l’ensemble. Souvent, quelques cas particuliers peuvent être plus visibles que ces éléments."

40 % des logements interrogés

Surtout, le recensement tel qu’il est réalisé en Nouvelle-Calédonie est particulièrement rigoureux, car il consiste en un dénombrement de la population, ce qui ne se fait plus que dans quelques territoires, "les communautés d’Outre-mer, Wallis-et-Futuna, la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie", précise le chef de mission de l’Insee. Dans l’Hexagone, par exemple, le procédé est différent. Les communes de 10 000 habitants ou plus réalisent tous les ans une enquête par sondage auprès d’un échantillon d’adresses représentant 8 % de leurs logements, ce qui fait qu’au bout de cinq ans, 40 % environ de la population est prise en compte. Contre 96 % en Nouvelle-Calédonie lors du dernier recensement. Pour autant, "c’est parfaitement fiable", assure l’analyste. Car la fiabilité d’un sondage dépend "non pas du taux de sondage, mais du nombre de personnes répondant. Mille personnes sur la France, ou mille personnes sur une commune de 20 000 habitants, c’est le même degré de précision."