Un an après son annulation, consolée par la tenue d’une version édulcorée en fin d’année à Nouméa [1], la Foire de Bourail doit retrouver ses quartiers, pour sa 47^e édition, à l’hippodrome de Téné, du 15 au 17 août. Mais à dix jours de ce rendez-vous qui attire chaque année 25 000 personnes, le conflit ouvert il y a trois mois entre le président du comité organisateur et les coutumiers de la zone continue de parasiter son organisation.

Dans un courrier daté du 4 août et adressé au haut-commissaire, les représentants du district de Ny, qui rassemble les tribus de Pothé, Ny, Azareu, Gouaro, Bouirou et Oua-Oué, ont exigé la démission de Levay Roy, à la tête du comité depuis 2021. La raison invoquée : l’abaissement du drapeau du FLNKS lors de la commémoration de la victoire de 1945, organisée le 8 mai au monument aux morts de Bourail. Un acte "raciste" et "à vocation provocatrice" que le district attribue au président du comité de la foire.

"Soucis de neutralité"

Ce dernier, par ailleurs militant non-indépendantiste, avait en effet écrit un courrier au haut-commissaire quelques jours avant la cérémonie pour demander que le drapeau du FLNKS soit descendu, estimant qu’il n’avait pas sa place dans un hommage aux morts pour la France. "Mais la décision revenait au haut-commissariat, pas à moi", se justifie aujourd’hui Levay Roy. Celui-ci avait bien été dans le sens du président de la foire, imposant au maire de Bourail, Patrick Robelin, d’abaisser le drapeau indépendantiste, par respect d’une "circulaire spécifique de pavoisement", qui souligne que seules les couleurs nationales doivent être levées lors de cette journée. "Le drapeau du FLNKS sur le monument aux morts de Bourail a suscité des réactions avant la cérémonie. Aussi, le haut-commissaire a demandé au maire de suivre la circulaire par soucis de neutralité", s’était alors défendu le haut-commissariat.

Un mois plus tard, le conflit avait été ravivé par l’irruption, le 13 juin, de responsables coutumiers du district de Ny, lors d’une réunion entre les organisateurs de la foire et la mairie, déjà pour demander la démission de Levay Roy. "Mais entre le 8 mai et le 13 juin, personne ne m’a jamais contacté pour parler de ce qui s’était passé", regrette le président du comité.

Une image ternie

Aujourd’hui, les chefs coutumiers n’en démordent pas, comme le montre le courrier envoyé au haut-commissaire ce lundi : le retour à l’apaisement passera, selon eux, uniquement par la démission de Levay Roy, qualifié "d’électron nuisible" et de "provocateur" au "racisme manifeste".

À quelques jours de la foire, ce dernier indique ne pas avoir l’intention de quitter son poste. "Si je le fais, c’est tout le bureau qui démissionne et la foire n’a pas lieu", affirme-t-il, regrettant que l’affaire ait "terni l’image de la foire et plus largement de Bourail". Il souligne toutefois que sa "porte reste ouverte". "Je veux que ça s’apaise et qu’on puisse travailler en bonne intelligence." Une réunion sur la sécurisation de l’évènement devait justement se tenir ce mardi 5 août, au haut-commissariat.