
Au niveau opérationnel, l’activité a triplé entre mai et décembre. Elle a commencé à redescendre courant septembre, mais en étant toujours supérieure à la normale.
L’impact s’est fait sentir à deux endroits. D’abord au niveau du centre opérationnel des appels 18, qu’on partage avec la commune de Païta. On a géré 9 000 appels en 15 jours contre 400 normalement sur deux semaines. Et on a fini l’année avec 50 000 appels au 18 contre 29 000 en 2023.
Il n’y a pas eu de blessure physique pendant les émeutes. En revanche, certains personnels ont accumulé de la fatigue et ont été très marqués psychologiquement, surtout ceux qui ont vécu les dix premiers jours. Cette période a été la plus difficile pour nous, puisque ce sont les mêmes agents qui étaient sur le terrain, une moitié étant bloquée à son domicile, ne pouvant pas rejoindre la caserne à cause des barrages.
On a mis en place un suivi spécifique avec une spécialiste du stress post-traumatique. On a déclenché une prise en charge individuelle et collective pour ceux qui en avaient besoin. Plus d’une trentaine de pompiers y ont eu recours. Là, on est en train de finir une formation sur la santé mentale, et les cadres ont également été formés à la détection de ces cas de stress, pour pouvoir être à l’écoute, signaler et passer la main à un spécialiste.
Ce qui nous a permis de tenir aussi, ce sont les renforts de Métropole, de mai jusqu’en novembre. Sans cela, on n’aurait pas eu ce bilan.
L’année dernière, on est intervenu sur 3 576 incendies contre 1 200 en 2023. Donc, il y a une usure du matériel précoce, que ce soit au niveau des lances, des camions, etc., on a dû renouveler du matériel et procéder à davantage de maintenance sur les camions. J’ai également dû augmenter plusieurs fois les effectifs, donc on a utilisé plus de budget pour les sapeurs-pompiers volontaires, et on a payé des heures supplémentaires pour les professionnels.
Ce qui a été dur pour nous pendant les émeutes, c’est d’être bloqués, de ne pas pouvoir intervenir. Par exemple, quand on évacuait des victimes au Médipôle, on nous crevait régulièrement les pneus pour nous empêcher de circuler. On n’avait jamais vécu ça. L’autre aspect, ce sont les menaces, parfois avec des armes, les caillassages. Ça a été très difficile d’être escortés par la police pour pouvoir intervenir dans des quartiers sensibles.
Aujourd’hui, on recircule librement partout. Mais on sent parfois, dans certains quartiers, qu’on n’est pas les bienvenus, que c’est tendu, voire risqué. On a quand même une vigilance, puisque nos collègues des forces de l’ordre se font caillasser tous les jours. En revanche, on a des interventions qu’on avait peu avant et qui sont devenues quotidiennes. Des démarrages de feux de poubelles et de végétaux un peu partout. On est bien à 2-3 affaires de ce type chaque soir, chaque nuit. Le nombre d’incendies est supérieur à ce qu’on connaissait avant 2024.
Ces faits connaissent une augmentation significative. On est en moyenne à entre 3 à 5 interventions journalières pour violence, soit de la rixe, soit de la violence intrafamiliale, particulièrement les week-ends et sous fond d’alcool. On en avait plutôt 1 à 2 avant.
Oui, les gens sont marqués par ce qu’il s’est passé, alors ils nous appellent à la moindre fumée. Le souci n’est pas de nous appeler. Ce qu’il faut, c’est vraiment être témoin direct du sinistre pour pouvoir localiser exactement ce qu’il se passe et où, afin d’être en mesure de décrire la scène, sinon c’est très compliqué pour nous à traiter.
Des sapeurs volontaires sont repartis en Métropole, et chez les professionnels, certains ont pris de la disponibilité.
Aujourd’hui, si j’ai le moindre départ, je ne peux pas le remplacer. On était donc obligés de refaire un concours pour pouvoir pallier toute absence ou départ en retraite. On anticipe. On se rend compte qu’on a un peu plus de gens qui prennent une disponibilité ou qui demandent un détachement. Depuis la crise Covid, on a une augmentation des départs. Et puis il y a aussi un changement chez les jeunes. Avant, on faisait carrière chez les sapeurs-pompiers. Aujourd’hui, au bout d’un certain moment, les gens ont envie de faire autre chose.
La porte d’entrée obligatoire est d’intégrer la liste d’aptitude, constituée de 28 places. Et c’est le concours qui permet d’y être inscrit.
Il y a deux concours. Un qui est ouvert aux personnes qui n’ont jamais été sapeurs et un autre dédié à ceux qui ont déjà été pompiers volontaires pendant au moins trois ans. Aucun diplôme n’est requis. En revanche, trois conditions sont communes aux deux. Il faut être âgé entre 18 et 30 ans, avoir le permis de conduire, ainsi qu’un casier judiciaire vierge. Et il n’est pas nécessaire de résider sur Nouméa pour candidater.
Il y a deux ans, on a été surpris, parce qu’on a eu moins de candidatures que les autres fois. C’est aussi pour cela qu’on communique, on a besoin d’avoir des candidats, notamment en raison du nombre d’échecs, particulièrement à l’épreuve sportive, ce qui fait qu’après, il ne reste pas grand monde aux écrits et aux oraux. Chacune des trois épreuves est éliminatoire. On cherche aussi des têtes bien remplies, des gens équilibrés. Donc, plus on a de profils, plus on aura de choix pour trouver les bons candidats.
La liste des six épreuves sportives est accessible sur le site de la ville [1]. Même un sportif aguerri doit s’exercer avant de passer les épreuves le jour du concours, parce que ce sont des exercices physiques particuliers. Des sportifs échouent parfois, non pas parce qu’ils n’avaient pas la capacité physique, mais parce qu’ils ne s’étaient pas préparés.
Je pense qu’il y a cette image de métier réservé aux hommes. Or, on est ouvert à tous les profils. Les femmes sont bien sûr les bienvenues. On a beaucoup de femmes sapeurs chez les volontaires, et pas assez chez les professionnels. Et cette mixité, elle est importante.
C’est aussi un métier qui est riche d’enseignements. Les gens suivent un cursus de formations. D’abord un tronc commun : ils sont formés à l’incendie, au secours à la personne et au secours routier. Une fois qu’ils ont acquis assez d’expérience, ils peuvent se spécialiser. Il existe deux spécialités à Nouméa : sauveteur aquatique et intervention en milieu périlleux. Ils peuvent également devenir formateurs, moniteurs de secourisme, etc. Il y a de quoi s’épanouir et évoluer, on n’a pas le temps de s’ennuyer et on apprend tout le temps. En plus, c’est un métier où on travaille en équipe, l’esprit de corps est important et il y a beaucoup de solidarité.
Pour tout savoir sur le dossier de candidature à remettre complet avant le 22 août à la direction des ressources humaines de la ville de Nouméa au 2e étage de la mairie, ainsi que la nature des épreuves et la date des concours, consulter le site www.noumea.nc [1]. Le dossier est à télécharger sur cette page ou sur le site de la DRHFPNC.