
À la tombée de la nuit mercredi 6 août, les communes restent "sur le qui-vive, parce qu’on est entourés de pins et puis que tout a brûlé, tout autour du village, c’est la catastrophe", déplore Bruno Zubieta, premier adjoint à la mairie de Villesèque-des-Corbières, au sud de Narbonne. Si l’incendie est "toujours actif", sa progression, qui était auparavant "de 1 000 hectares à l’heure globalement", "diminue d’intensité", indique à Rémi Recio, sous-préfet de Narbonne.
Au poste de commandement des pompiers, le colonel Christophe Magny, patron du Service d’incendies et de secours de l’Aude, a expliqué au Premier ministre, accompagné du ministre de l’Intérieur, l’action sans relâche de 2 500 pompiers sur les 90 kilomètres de lisières, avec des flammes de 10 à 15 mètres de haut au plus fort de la propagation. François Bayrou et Bruno Retailleau se sont ensuite rendus au centre national de coordination avancé de Sécurité civile à l’aéroport de Nîmes-Garons, pour "rendre hommage" aux moyens aériens engagés dans la lutte contre l’incendie "dont l’ampleur dépasse tout ce qu’on avait connu depuis plus de 60 ans", selon François Bayrou.
Parti peu après 16 heures d’un village situé entre Carcassonne et Narbonne, le feu s’est d’abord dirigé vers le sud-est et le littoral méditerranéen. Or, le vent a changé de direction à la mi-journée "et pousse l’incendie à revenir vers son point de départ", déclare la secrétaire générale de la préfecture Lucie Roesch, ajoutant que l’incendie va désormais "vers des zones boisées assez inaccessibles". "L’arrière du feu est devenu l’avant du feu", a ajouté le colonel Magny, soulignant qu’un millier de personnes avaient été évacuées des villages sinistrés. Il a parcouru 16 000 hectares de garrigue et de résineux, "plus que la commune de Paris", selon le colonel Magny. Il a aussi détruit ou endommagé 25 habitations et brûlé 35 véhicules.
À Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, où une dame de 65 ans a été retrouvée morte dans sa maison, une odeur âcre de brûlé se dégage des hectares carbonisés à proximité. David Cerdan, 51 ans, habite à une centaine de mètres de l’endroit où est décédée la sexagénaire, qui avait refusé de quitter sa maison mardi soir. L’habitation de la défunte est dévastée, comme plusieurs autres près de chez lui. Lors d’une visite dans ce village, le plus touché des 15 communes affectées par l’incendie, François Bayrou a évoqué un "plan de sauvegarde et d’avenir" dont "les Corbières pourraient être le laboratoire".
La préfecture a comptabilisé 13 blessés : deux habitants hospitalisés, dont un grièvement brûlé, et onze sapeurs-pompiers, dont un souffrant d’un traumatisme crânien. Une personne portée disparue a été retrouvée en vie.
Dans le ciel des Corbières, tous les moyens aériens nationaux ont été mobilisés. L’Union européenne a annoncé se tenir "prête à mobiliser" des moyens. "L’Europe se tient aux côtés de la France alors que les pires feux de forêt de son histoire récente font rage dans l’Aude", a déclaré sur X Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Il s’agit d’un dispositif "colossal", selon le sous-préfet de Narbonne, Rémi Recio, précisant que les 2 500 pompiers venus de toute la France sont appuyés par 500 engins au sol. Il s’agit à ce stade du plus gros incendie de l’été en France. C’est aussi le plus important en France depuis au moins 2006, soit le début des enregistrements, et depuis les années 1970 pour la zone méditerranéenne, selon la base de données sur les incendies de forêt du gouvernement.
Les autorités ont réitéré leurs consignes de sécurité à la population, appelant à "rester confinés sauf ordre d’évacuation donné par les sapeurs-pompiers" et à ne pas encombrer le réseau routier pour ne pas gêner les secours. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du feu, encore inconnues. Aucune hypothèse n’est pour l’heure privilégiée.