
C’est pour exprimer leur désaccord à la suite des annonces du gouvernement central concernant ses prévisions pour le budget 2026 que les membres de la Fedom, Fédération des entreprises des Outre-mer, ont envoyé ce vendredi 8 août un courrier à Manuel Valls et à François Bayrou, afin de partager leur "consternation" face aux "coupes budgétaires envisagées".
Le monde économique ultramarin critique des orientations qui ciblent "massivement les dispositifs de soutien à la compétitivité et à l’investissement", évoquant un "rabot d’une ampleur inédite" et "des économies inacceptables". Pour la Fedom, pas de doute, ces mesures vont "accroître le chômage, aggraver 'la vie chère', décourager la production locale et particulièrement pénaliser les petites entreprises", dans un contexte déjà défavorable en Outre-mer, où les territoires connaissent des fragilités économiques structurelles ainsi qu’un climat social tendu.
Une des pistes avancées par le gouvernement : la suppression de "150 à 350 millions d’euros" (18 à 36 milliards de francs) du principal dispositif de soutien à l’emploi et à la compétitivité des entreprises en outre-mer, ce qui entraînerait, selon la Fedom, "une hausse brutale et inédite du coût du travail, qui se répercuterait sur l’emploi et les prix". Or, les taux de chômage outre-mer restent supérieurs à 14 %, contre 7,4 % au niveau national, pointe la fédération, qui ajoute que les défaillances d’entreprises augmentent depuis le début de l’année. Et cela, "à rebours des orientations budgétaires fixées par le Premier ministre visant à ne pas augmenter les charges et impôts des entreprises en 2026".

Autre source de griefs : la volonté de réduire de 10 % les taux des dispositifs fiscaux de soutien à l’investissement outre-mer, qui viserait exclusivement les entreprises ultramarines et s’appliquerait y compris à des taux récemment créés, comme le taux majoré pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie. Alors que cet "avantage différentiel est reconnu par la loi", cela "constituerait une rupture d’engagement politique et porterait un coup direct à la capacité d’investissement des PME". D’autant que le régime de défiscalisation a déjà subi, en loi de finances pour 2024, une réduction récurrente de l’ordre de 100 millions d’euros par an (1,2 milliard de francs), ajoute la Fedom dans son courrier.
Le projet de loi de lutte contre la vie chère, qui favorisait "la suradministration des économies" et fragiliserait les petits acteurs en renforçant les gros, est également dans le viseur des acteurs économiques. La priorité du gouvernement Bayrou devrait être celle du plein-emploi. Alors que l’Hexagone s’est fixé un objectif de 5 % du taux de chômage, "les Outre-mer n’ont jamais bénéficié d’une déclinaison stratégique à la hauteur de cette ambition nationale".
Les 42 signataires du courrier, représentant les dix territoires ultramarins, mettent en avant "le silence du ministère des Outre-mer", "incompréhensible", et qui "rompt avec la position historique de la rue Oudinot". Et appellent Manuel Valls à ne pas "sacrifier la France océanique" et "à proposer une juste répartition des efforts budgétaires". La Fedom demande de reconsidérer les intentions du plan de loi de finance 2026, d’adopter "une nouvelle méthode de travail" et de proposer "un autre calendrier de concertation", conclut Hervé Mariton, son président.
Pour la Nouvelle-Calédonie, les signataires sont : David Guyenne, président de la CCI-NC, Elizabeth Rivière, présidente de la CMA-NC, Mimsy Daly, présidente du Medef-NC, Jean-Christophe Niautou, président de la CAP-NC, Éric Lafitte et Yannick Briffa, co-présidents de la FCBTP.