
"Davantage que dans l’Hexagone, les élus ultramarins, toutes collectivités confondues, voient fleurir sur les réseaux sociaux des comptes usurpant leur identité (image, nom et fonction)", écrit l’Accd’om, Association des communes et collectivités d’outre-mer, présidée par Florence Rolland, maire de La Foa, dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le plus souvent, "l’objectif pour les usurpateurs est d’extorquer de l’argent à leurs interlocuteurs", est-il indiqué dans la lettre. "Ces usurpations constituent une atteinte forte aux élus, qui en plus n’ont que très peu de marge de manœuvre pour lutter contre ces faux comptes, car il est très complexe de faire reconnaître l’usurpation. Très souvent, les élus ne parviennent pas à les faire disparaître et doivent compter sur la vigilance de leurs administrés."
Récemment, l’intelligence artificielle a permis à des usurpateurs d’identité d’utiliser le visage et la voix de l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira, promotrice improbable de bitcoin. Dans son courrier, l’Accd’om cite également les exemples du sénateur Victorin Lurel, du président de la Collectivité territoriale de Guyane Gabriel Serville, ou encore du président du département de La Réunion Cyrille Melchior, qui eux aussi ont fait les frais des usurpations d’identités au profit d’investissements et autres prêts douteux. Et ce ne sont pas les seuls.
"À seulement sept mois des élections municipales, nous constatons une recrudescence de ces usurpations, avec par rapport à l’année dernière la nouveauté de l’utilisation de deepfakes", alerte l’association. Ces manipulations "constituent un risque fort de désengagement de la population, et de perte de confiance face à des élus de moins en moins motivés à assumer ces missions", estime encore la structure, inquiète de "la situation particulière de certains des territoires", notamment la Nouvelle-Calédonie. "Il s’agit d’une porte ouverte à la propagation de fake news et aux ingérences." "C’est pourquoi il me semble essentiel que l’État intervienne afin de trouver des moyens de régulation pour protéger ses élus locaux et nos populations", insiste l’Accd’om.
Ce n’est pas la première fois que l’association aborde cette problématique avec les services de l’État. Elle avait déjà été évoquée en 2024, lors d’une rencontre avec les services du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus.