
Le système économique maori est-il transposable à la Nouvelle-Calédonie ? Le collectif NC ÉCO a planché sur la question ces cinq dernières années. Ces travaux, alimentés par des échanges avec le consulat général de Nouvelle-Zélande et le vice-premier ministre néo-zélandais Winston Peters lors de la venue en Nouvelle-Calédonie en 2024, se sont poursuivis du 29 juin au 5 juillet en Nouvelle-Zélande lors d'un "study tour" organisé par le gouvernement de Wellington, en partenariat avec la Nouvelle-Calédonie et l'État.
Composée de douze entrepreneurs kanak, de représentants de la CCI-NC, de la Chambre d'agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie, de la Chambre de métiers et de l'artisanat, du Medef-NC, de la CPME et du gouvernement calédonien, la délégation a voyagé de Wellington à Auckland en passant par Hamilton et Tauranga. Son séjour s'est articulé entre visites d'institutions, présentations académiques sur le développement économique maori, interventions d'agences de développement, rencontres en tribu avec des entrepreneurs et visites d'entreprises détenues ou gouvernées par des Maoris.
Les sociétés maories relèvent du droit privé. Leur conseil d'administration se compose de membres d'une tribu élus par leurs pairs, chargés de définir et de défendre ses intérêts stratégiques. "Ils ont le souci d'avoir une vision à long terme de leur développement pour les générations futures, respectueuse de l'environnement et destinée à la communauté, observe Charles Roger, directeur général de la CCI-NC. Ces similitudes laissent à penser qu'on peut s'inspirer du schéma maori."
Dans les années 1990, un processus de réparation de la colonisation a été initié en Nouvelle-Zélande. Il s'appuie sur des indemnisations financières, des droits de préemption, de la propriété intellectuelle et une reconnaissance culturelle. "À ce jour, 78 des 130 tribus ont signé des accords de réparation. Ensuite, les tribus se servent de ces indemnisations pour faire du business. Le profit qu'elles en tirent sert à élever leur communauté, la faire grandir et générer un développement économique pour les générations futures", relève le directeur de la CCI-NC.
Une restitution publique de cette visite s'est tenue en juillet. D'autres interventions individuelles et collectives sont prévues. "Au sein des tribus, du Sénat coutumier, des mairies et des provinces, chaque participant devra prendre son bâton de pèlerin et poursuivre cette restitution afin que chacun s'en enrichisse", conclut Charles Roger.
Lors du dernier recensement, en 2023, la communauté maorie comptait 978 246 personnes, soit 19,6 % de la population néo-zélandaise. En 40 ans, l'économie tribale maorie est passée de 1 % à 9 % du produit intérieur brut. Sa valeur est estimée à 68,7 milliards de dollars (4 100 milliards de francs). Elle s'est développée dans la sylviculture, le tourisme, l'agroalimentaire, la technologie et l'immobilier. Elle représente 50 % du secteur de la pêche.
Le magazine CCI Infos n°307 d'août et septembre est disponible sur le site Internet de la Chambre de commerce et d'industrie [1].