
L’enquête sur le meurtre de Nicolas Molinari, un gendarme tué à La Coulée le 15 mai 2024 durant les premiers jours des émeutes, progresse. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 27 août, le procureur de la République, Yves Dupas, révèle que le juge d’instruction a mis en examen neuf personnes dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour association de malfaiteurs en vue de la commission de crimes, homicide volontaire et complicité d’homicide volontaire en bande organisée sur personne dépositaire de l’autorité publique et tentative d’homicide volontaire et complicité de tentative d’homicide volontaire commis sur des gendarmes mobiles.
Mais plus d’un an après les faits, l’auteur du tir mortel qui a atteint le militaire à la tête n’a toujours pas été identifié. Le 18 août, une reconstitution judiciaire a été réalisée à La Coulée, sous la supervision du juge d’instruction, pour tenter de faire la lumière sur le déroulement des faits ayant précédé la mort du gendarme. L’opération a réuni 450 gendarmes.
À son terme, une chronologie un peu plus précise semble se dessiner. Le 15 mai 2024, à 20h10, les gendarmes mobiles de l’escadron de Melun sont en attente dans un véhicule "de type Iris bus" stationné au rond-point de La Coulée, sur la RP1, lorsqu’ils sont visés par des coups de feu. Les auteurs des tirs sont positionnés sur le pont de La Coulée, à environ 200 mètres des gendarmes. Nicolas Molinari, installé à la place du conducteur, est atteint à la tête, "dans la zone frontale droite", par un projectile qui perfore le pare-brise du véhicule.
Selon l’expert balistique, le tireur se trouvait à une distance "de 200 à 230 mètres de la victime" et a utilisé "une arme longue équipée d’une lunette de visée". Il aurait visé le gendarme "au moment où celui-ci utilisait son téléphone portable, ce qui aurait éclairé son visage dans l’obscurité ambiante". Nicolas Molinari décédera à 23h45 des suites de ses blessures. Sept autres gendarmes étaient présents dans le véhicule au moment des faits.
L’enquête a permis de révéler qu’au cours de la journée précédant les coups de feu, des personnes cagoulées avaient disposé plusieurs carcasses de véhicules sur la route menant au rond-point de La Coulée. D’autre part, quelques heures avant les faits, un convoi composé de trois véhicules avait été repéré près du pont. Les tirs seraient partis de deux véhicules de ce convoi. Selon les éléments de l’enquête, il transportait dix personnes originaires de la tribu de Saint-Louis, qui "auraient cherché initialement à venir cambrioler le centre commercial de La Coulée", indique le parquet.
Parmi les neuf personnes mises en examen, l’information judiciaire a permis d’identifier deux auteurs présumés ayant ouvert le feu sur le véhicule des gendarmes mobiles. L’un d’eux est depuis décédé, "lors d’un affrontement avec les gendarmes le 19 septembre 2024 à Saint-Louis". "Les investigations se poursuivent notamment pour identifier formellement l’auteur du tir mortel sur le gendarme Molinari", souligne Yves Dupas. Trois des mis en examen sont actuellement en détention provisoire, tandis qu’un quatrième est assigné à résidence sous surveillance électronique. Les cinq autres sont placés sous contrôle judiciaire, après une période d’incarcération provisoire.