
"Une caserne, c’est 24 heures sur 24, 365 jours par an. C’est comme un hôtel : on dort ici, on mange ici, on rit ici et on pleure ici. Il faut des bâtiments qui soient judicieusement pensés pour ça." Le chef de corps des pompiers de Dumbéa, Bruno Chitussi, n’a donc pas caché sa satisfaction, ce samedi matin, lors de l’inauguration du chantier de rénovation et d’extension de la caserne communale.
D’un montant de 24 millions de francs (dont 16 millions issus de l’État, via le Fonds communal de développement), ces travaux comprennent, l’agrandissement de la base vie, incluant la création de chambres séparées pour les femmes, de nouveaux bureaux ainsi qu’une salle de formation et de réunion moderne.

De quoi améliorer significativement les conditions de travail des équipes, dont les nerfs ont été particulièrement mis à rude épreuve durant les longs mois d’émeutes et de violences urbaines, l’an dernier. "C’est une période qui a été très difficile pour les pompiers, bien que ce projet date d’avant 2024, glisse le maire Yoann Lecourieux, qui souligne le soutien essentiel de l’État, dans un contexte où "les collectivités calédoniennes sont en grande difficulté à l’heure actuelle. Grâce à cette aide, nous pouvons améliorer le quotidien de nos sapeurs-pompiers qui font en moyenne 1 800 interventions à l’année auprès des Dumbéens."
Alors que la caserne a aujourd’hui trente ans d’existence, que la population municipale a explosé et que le nombre d’effectifs a lui aussi augmenté, ces travaux étaient attendus depuis plusieurs années par les soldats du feu. "Les émeutes ont démontré que le centre de secours était devenu trop petit. Alors dimensionné pour neuf à dix personnels, pendant ces violences, nous étions une quinzaine voire une vingtaine présents en permanence H24. Il faut imaginer que les gens dormaient dans les garages. Ce n’est pas possible, juge bon de rappeler le capitaine Bruno Chitussi. Le bâtiment c’est avant tout un outil pour répondre à l’attente des Dumbéens, mais désormais il est moderne, neuf et ça nous donne tous un coup de boost. Nous confier ces nouveaux locaux démontre l’importance qu’a le centre de secours dans la commune."

Créer une salle de repos dédiée aux femmes n’a rien d’anodin puisque le personnel féminin prend progressivement sa place au sein de la caserne de Dumbéa. Pour autant, elles ne représentent encore que 15 % des effectifs. Une évolution lente que le chef de corps espère voir s’accentuer à l’avenir.
"Dans nos prochains recrutements, nous aurons quasiment 50 % de personnel féminin et c’est une volonté, insiste le capitaine Bruno Chitussi, qui tient à tordre le cou à certaines idées reçues. L’image du pompier gaillard au feu, ce n’est pas ça la réalité de notre métier. La vérité c’est que l’incendie représente 10 à 12 % de nos interventions. 65 % de notre activité opérationnelle, ce sont les secours à personne. Donc quand vous partez porter assistance à une femme enceinte par exemple et que dans le véhicule il y a une dame, c’est une tout autre manière d’intervention, voire un autre rapport de confiance. Autre situation, quand vous êtes confronté malheureusement aux violences intrafamiliales, le fait qu’il y ait un personnel féminin, c’est également important. On passe donc le message en demandant à toutes les dames, à tous les personnels féminins, de venir s’engager."