
Dans un article paru mercredi 3 septembre [1], le quotidien français Le Monde a révélé, au terme d’une enquête de plusieurs mois, qu’un jeune détenu du Camp-Est serait mort quelques jours après la mutinerie survenue au centre pénitentiaire, en marge des émeutes, le 13 mai 2024. Frappée à plusieurs reprises par les gardiens, la victime aurait été laissée sans soins avec plusieurs détenus, avant de décéder trois jours plus tard, au moment de sa prise en charge par les médecins.
Une version que dément le procureur de la République, Yves Dupas. Dans un communiqué publié ce vendredi 5 septembre, il évoque, pour la première fois, l’existence d’une information judiciaire ouverte il y a plus d’un an, le 31 juillet 2024, à la suite du décès d’un détenu survenu le 20 mai 2024. Sans mentionner l’enquête du Monde, Yves Dupas affirme que la victime aurait été transportée au Médipôle après avoir exprimé des douleurs à la jambe droite, qui avait enflé. Il serait mort quelques heures après son admission à l’hôpital.
L’autopsie réalisée trois jours après son décès, le 23 mai, n’a pas permis de déterminer les causes du décès. Elle aurait toutefois révélé "un hématome d’un volume conséquent sur la face latérale de la jambe droite". En revanche, le corps du détenu ne présentait "aucune lésion visible". Contacté, le procureur insiste : "Rien dans le dossier ne permet d’évoquer un tabassage."
L’article du Monde décrit pourtant des "coups de crosse, insultes racistes, colliers de serrage attachés jusqu’au sang" dont aurait été victime le détenu. Selon des témoignages de détenus collectés par le quotidien, les gardiens n’auraient pas pris en compte ses besoins de soins, malgré d’importantes blessures.
D’autres investigations médico-légales doivent être menées dans le cadre de l’information judiciaire, notamment pour évaluer la présence d’une éventuelle "pathologie préexistante", à savoir une malformation cardiaque, qui pourrait éclairer les causes du décès.