
Les rescapés des villages à flanc de montagne de la province de Kounar, celle qui compte la quasi-totalité des morts et des près de 4 000 blessés, passent une nouvelle nuit dehors, sous des abris de fortune ou sans abri du tout. Éboulements et glissements de terrain compliquent toujours l’accès aux zones les plus reculées, parfois déjà non desservies par des routes avant le séisme de magnitude 6, survenu dimanche 31 août vers minuit.
Plus de 800 morts et 2 700 blessés dans un séisme en Afghanistan [1]
Dans ces provinces orientales, à la lisière du Pakistan, la terre continue de bouger : une réplique de magnitude 5,6, avec pour épicentre la même région de Jalalabad, a été ressentie à des centaines de kilomètres à la ronde, jusqu’à Kaboul et Islamabad. Il s’agit de la septième forte réplique depuis dimanche soir, qui fait replonger les sinistrés dans la peur. "Une vague continue de répliques dans l’est de l’Afghanistan terrifie des enfants qui ont perdu leur famille et leur maison", a alerté l’ONG Save the children.
Mais, le dernier bilan, jeudi, pourrait encore croître, car "des centaines de corps ont été retrouvées dans les maisons détruites" au cours d'"opérations de recherche et de secours qui continuent", prévient Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement. Le séisme a détruit environ 7 000 maisons dans les provinces de Kounar, Laghman et Nangarhar. "Il nous faut des tentes, de l’eau, de la nourriture et des médicaments en urgence", lance Zahir Khan Safi, agriculteur de 48 ans dans le village dévasté de Mazar Dara, à Kounar. Installé dans un champ avec des centaines de familles, dans le village où plus aucune toilette n’est accessible, il raconte comment les hommes sont obligés de s’éloigner pour se soulager. "Les femmes attendent la nuit pour y aller" sans être vues, poursuit-il.
Plusieurs ONG ont indiqué à l’AFP avoir des tentes prêtes à être distribuées, mais attendre de sécuriser un accès vers les zones sinistrées. Dans ces régions verdoyantes et agricoles, les habitants craignent la pluie et continuent de chercher leurs proches dans les gravats, comme à Shelt, dans la province de Kounar, rapporte un habitant, Khan Zaman Hanafi. Ici, dit-il, "on n’a pas seulement perdu sa maison, mais aussi le bétail et les fermes". Depuis 1900, le nord-est de l’Afghanistan, à la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne, a connu 12 séismes d’une magnitude supérieure à 7.
À la tête d’un des pays les plus pauvres au monde, les autorités talibanes, déjà confrontées à des séismes dévastateurs en 2022 et 2023, ont mobilisé des hélicoptères militaires pour évacuer des blessés et acheminer des vivres, mais assurent qu’elles ne pourront pas faire face seules. Mais, l’ONU et les ONG ont été forcées depuis le début de l’année de réduire leur assistance aux Afghans en raison des coupes dans l’aide internationale, alors que le pays est confronté à une grave sécheresse et au retour de millions d’Afghans, chassés ou expulsés de pays voisins.
L’OMS, qui a alerté sur le risque d’épidémies, a lancé un nouvel appel de fonds de quatre millions de dollars (407 millions de francs) pour répondre aux besoins "immenses" après le séisme, tandis que l’ONU a déjà débloqué cinq millions de dollars (509 millions de francs). La Chine a annoncé, jeudi, débloquer 50 millions de yuans (716 millions de francs).
Malgré le drame, le Pakistan a poussé au départ depuis lundi des milliers d’Afghans porteurs de cartes de réfugiés de l’ONU censées les protéger. Selon l’OMS, 270 000 Afghans récemment rentrés dans leur pays ont été affectés par le séisme. L’ONU a appelé le Pakistan à suspendre les expulsions, ce à quoi Islamabad n’a pas réagi dans l’immédiat.