
"Sans ce prêt, tout notre système se casse la figure", avait averti Thierry Santa, membre du gouvernement en charge du budget, devant les élus du Congrès, mi-août. Un mois plus tard, le risque est levé : la Nouvelle-Calédonie touchera bel et bien la deuxième tranche du prêt de 120 milliards de francs garanti par l’État (PGE), octroyé par l’Agence française de développement (AFD) et signé par Manuel Valls en mars [1], pour garantir la survie économique du territoire.
Le ministre des Outre-mer l’a annoncé dimanche 7 septembre, lors d’un entretien sur RTL. L’information a été confirmée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Cette nouvelle enveloppe s’élève à 240 millions d’euros, soit 28,5 milliards de francs. Sur cette somme, 2,5 milliards de francs seront versés directement aux communes, pour les aider à financer la cantine et le transport scolaire, deux sujets qui avait retenu l’attention de Manuel Valls lors de sa visite de l’école Desbrosse, à Kaméré [2], fin août.
Le reste sera utilisé pour assurer le fonctionnement des collectivités (provinces et communes), financer les comptes sociaux, le système électrique ainsi que le chômage (de droit commun et la suite du chômage partiel). "Ce sera versé en deux fois, les trois quarts en octobre et le reste en décembre", indique Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie. Un financement d’autant plus crucial pour le pays que les recettes fiscales de 2025 seront, selon les dernières estimations, encore plus basses que ce qui avait été envisagé au budget primitif, de l’ordre de quatre à cinq milliards de moins.
Sur les 120 milliards du PGE, la Nouvelle-Calédonie a déjà touché plus de 66 milliards de francs depuis le début de l’année, dont une grande partie (46,6 milliards) a simplement permis de rembourser les avances octroyées par l’État en 2024. Le versement de cette deuxième tranche était conditionné à l’adoption, par les élus du Congrès, d’un plan de réformes élaboré par l’exécutif calédonien. Il a été voté dans la douleur le 14 août, au terme d’une séance houleuse [3]. Impopulaire, ce texte prévoit notamment la baisse des allocations familiales pour une partie des ménages bénéficiaires ou encore la diminution de 10 % de la prise en charge des petits risques par le Ruamm.
"L’État nous a bien fait comprendre que si ce plan n’avait pas été adopté, cette deuxième tranche n’aurait pas été versée", souligne Christopher Gygès, qui défend des réformes "nécessaires". "On ne le fait pas simplement pour faire plaisir à l’État, mais parce qu’on doit retrouver un équilibre budgétaire." Un dernier reliquat de 24 milliards de francs doit encore être versé pour les exercices 2026-2027. La Nouvelle-Calédonie commencera à rembourser le PGE dans trois ans, en plus des intérêts de 5 % fixés par l’AFD, un montant jugé disproportionné par une partie des élus calédoniens.
En parallèle de ce nouveau versement, les forces économiques et politiques calédoniennes continuent de travailler sur le pacte prévu par l’accord de Bougival, qui doit notamment définir le futur accompagnement financier de l’État. "La mission de reconstruction avec Claire Durrieu se poursuit", affirme Christopher Gygès. La chute du gouvernement de François Bayrou n’est pas de nature à perturber ce processus, assure le porte-parole du gouvernement. L’ensemble de ces travaux doit permettre à la Nouvelle-Calédonie de revenir sur une trajectoire de croissance économique d’ici 2028.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/economie/politique/le-pret-de-120-milliards-de-francs-signe-par-manuel-valls-et-alcide-ponga
[2] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/noumea/kamere/politique/enseignement/education/deplacement-de-manuel-valls-le-ministre-en-visite-a-l-ecole-desbrosse-de-kamere-pour-la-rentree
[3] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/economie/congres-le-plan-de-reformes-du-gouvernement-adopte-dans-la-douleur
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