
Terciel NC a su innover pour proposer un aéroport flottant clé main, qui intègre aspects techniques, environnementaux et études anthropologiques, afin que les populations locales soient associées au projet. De la conception architecturale à la construction, en passant par l’intégration dans l’espace aérien et maritime, chaque étape vise à harmoniser l’infrastructure avec son environnement, explique son fondateur et dirigeant Hervé Thomas, qui vit en Nouvelle-Calédonie. "La construction prend entre 15 et 18 mois, ce qui est rapide. Un des principaux avantages réside dans le fait que l’aéroport est en grande partie préfabriqué en usine, selon un principe de construction sèche. Cela permet de réduire le temps de travaux sur site, d’éviter le bétonnage et de limiter les déchets résiduels. Le produit arrive prêt à être monté, ce qui simplifie et accélère l’implantation tout en minimisant l’impact environnemental."
Terciel, la start-up calédonienne qui séduit jusqu'en Arabie saoudite [1]
Pour son projet, Hervé Thomas collabore avec le martiniquais Jean-Bernard Boura, fondateur de Pen Aviation, une entreprise française spécialisée dans la commercialisation de drones. Ensemble, ils développent une technologie novatrice : des pistes d’amerrissage dynamiques matérialisées par des drones marins, capables de s’adapter aux conditions météorologiques.

L’entreprise mise sur un modèle économique original. L’aéroport flottant n’est ainsi pas uniquement financé par les compagnies aériennes : le développement de zones commerciales et hôtelières vise à attirer les non-passagers. Dans cette logique, les aéroports deviennent des hubs combinant commerces, hôtels et services générant des revenus indépendamment des hydravions, souvent peu nombreux au départ. Les zones commerciales sont conçues pour séduire à la fois les voyageurs et les populations locales, maximisant le retour sur investissement.

Un autre objectif important pour Terciel NC : réduire l’empreinte carbone. Contrairement aux aéroports classiques nécessitant d’importantes quantités de béton et une grande emprise au sol, les infrastructures sont flottantes. De plus, elles s’adaptent à la montée des eaux. "Chaque année, on observe des phénomènes qui menacent de submerger de petites îles, rendant certaines initiatives d’implantation d’aéroport tout simplement ahurissantes. Nous avons eu un exemple frappant : une île dont le point culminant ne dépassait pas cinq mètres, et pourtant on envisageait d’y installer une piste", relate Hervé Thomas. Les aéroports flottants de Terciel NC répondent à ce défi. Conçus sur le principe de marina, ils montent et descendent avec la marée, restant opérationnelles. Face au changement climatique, repenser nos modes de transport est une nécessité avec, en première ligne, les archipels, insiste Hervé Thomas. "Nous entrons dans une ère où la mobilité doit s’adapter aux défis climatiques et sociaux. Nos aéroports flottants sont pensés pour relier, développer et protéger."

Le 11 septembre, la Malaisie a signé un protocole d’accord avec la start-up calédonienne et Pahang Aerospace City. Objectif : construire à Kuantan un aéroport international intégré dans un vaste complexe multimodal. "Terciel développe différents types d’hydroports adaptés aux besoins locaux", pointe Hervé Thomas. Désormais, c’est l’Indonésie qui représente un marché stratégique. L’Indonésie attire les convoitises du Japon, des États-Unis, du Canada ou encore du Brésil. "Tous cherchent à s’y implanter", souligne Hervé Thomas. Dans ce contexte, le soutien institutionnel français constitue un levier précieux. L’ancien ministre chargé du Commerce extérieur avait présenté Terciel NC à son homologue indonésien, suscitant un intérêt marqué. L’ambassade de France a depuis pris le relais, jusqu’aux échanges bilatéraux du 14 juillet à Paris. Des signaux qui placent l’entreprise en position favorable pour réussir son pari en Asie du Sud-Est.
Des initiatives ont été étudiées pour la Polynésie française, avec des solutions de transport comme les navires à effet de sol et les stations hydro-portuaires pour les bus et les trajets scolaires, mais le projet n’a pas abouti. "Néanmoins, le marché reste intéressant", glisse Hervé Thomas. En Nouvelle-Calédonie, la situation est complexe. Les perturbations politiques et le manque de visibilité freinent les investisseurs, rendant toute projection difficile. "Les besoins existent, mais leur mise en œuvre reste incertaine, d’autant que des contraintes comme l’assurance compliquent la construction et l’exploitation d’infrastructures."