
Le travail législatif se poursuit autour de la proposition de loi organique sur le report des élections provinciales, prévue par l’accord de Bougival. Après les parlementaires calédoniens, la commission des lois du Sénat a auditionné Christian Tein, lundi 15 septembre, à une semaine de l’examen du texte par la chambre haute. Le président du FLNKS, toujours placé sous contrôle judiciaire et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie pour son rôle présumé dans l’organisation des émeutes de 2024, a eu ainsi l’occasion de dérouler ses arguments dans une déclaration relayée sur les réseaux.
"Ce vote est un moment historique", a introduit le leader indépendantiste, estimant qu’il déterminera "non seulement si la voix du peuple kanak sera respectée ou confisquée, mais aussi si la paix civile pourra être consolidée ou fragilisée". Fermement opposé au report des élections provinciales, Christian Tein estime que celui-ci participerait au "passage en force" de l’État qui se dessine actuellement. "Ce report n’est pas neutre. Il a un objectif clair : créer les conditions nécessaires pour imposer le projet d’accord de Bougival." Or, "le FLNKS n’a jamais signé d’accord de Bougival car il n’existe pas. Nos délégués ont seulement paraphé un projet d’accord, sous réserve qu’il soit validé par nos instances, c’est-à-dire le peuple que nous représentons." Pour Christian Tein, les responsables du mouvement de libération ont été "dupés".
D’autre part, le report des élections provinciales viendrait maintenir en place des "institutions en fin de mandat" qui poursuivent un travail autour d’un texte rejeté par le FLNKS. Quant aux élus signataires, ils n’ont selon lui plus la légitimité pour valider un accord qui engage l’avenir du pays. "Le report constituerait alors un détournement de la démocratie, permettant à une majorité usée et contestée de prendre des décisions irréversibles sans passer par les urnes."
Alertant d’une frustration grandissante de la population, qui risquerait d’embraser à nouveau la situation, il exhorte les parlementaires français à maintenir les élections au 30 novembre 2025, seul moyen de "défendre la démocratie et donner une chance réelle à la paix et à l’aboutissement d’un processus de décolonisation inédit".
Le même jour que l’audition de Christian Tein, les membres du Congrès ont exprimé, à la majorité, un avis favorable au report des élections provinciales au plus tard au 28 juin 2026 [1].