
Paul Marcelin Rolland est un jeune militaire du 4° régiment d'infanterie de marine quand il épouse le 9 janvier 1868 à Toulon, Anne Françoise Paban, dite Anaïs, cantinière de l'armée. Ensemble, ils feront les campagnes du Sénégal et de Prusse et ensemble, ils seront faits prisonniers à Sedan. " Dominique s'est plongée il y a quelques années de cela dans la généalogie de sa famille, et comme tous ceux qui ont goûté à ce loisir, la voilà passionnée. Elle partage chacune de ses trouvailles avec Alain, son cousin.

" Dans la nécrologie d'Anaïs publiée dans Le Néo-Hébridais du 19 mars 1918, il est narré que "tous deux s'évadèrent mais furent repris. M. Rolland devait être fusillé. Il dut la vie à l'intervention de sa femme qui, sur le point d'accoucher, put obtenir sa grâce, implorant à genoux un général prussien". "
" Notre aïeul est libéré du service le 1e octobre 1872. Il rejoint l'administration pénitentiaire où il est recruté comme surveillant militaire de troisième classe, section transportation, le 11 juillet 1873. Le couple Rolland, accompagné de ses cinq enfants nés à Toulon, embarque alors sur la Garonne, pour 137 jours de voyage. Nous connaissons quelques détails de sa carrière grâce aux recherches des Archives de Nouville. Paul Marcelin a participé à la répression de l'insurrection de 1878. Il reçoit un premier témoignage de satisfaction en avril 1883, pour son action lors de l'incendie de la boulangerie du camp de Ouégoa où il s'est brûlé le pied".

En 1884, il est nommé surveillant chef de deuxième classe puis accède à la première classe en novembre 1886. À partir de 1885, il est chargé de la police indigène de Magenta et reçoit un deuxième témoignage de satisfaction de la part du gouverneur "Pour l'activité, le zèle et le dévouement qu'il a déployés dans la poursuite des évadés [...] une battue dans les centres de Païta, Coétempoé et Boulouparis. Cette opération, qui n'a pas duré moins de quinze jours, a amené l'arrestation de nombreux évadés et une diminution dans le nombre des évasions.
" Trois ans plus tard, il est de nouveau honoré "pour la façon intelligente avec laquelle il a procédé à une information judiciaire dont il avait été chargé à Bourail".
" Entre-temps, il fait plusieurs allers-retours en France pour des congés, entre 1881 et 1883, puis entre août 1890 et mai 1891. Il prend sa retraite en décembre 1892 et demande l'octroi de terrains. Il lui est attribué un lot à Sarraméa, ainsi que deux autres parcelles voisines pour ses fils Georges et Pierre." Paul Marcelin Rolland et son épouse repartent en Métropole en 1913 pour recevoir, lors des cérémonies du 14-Juillet à Toulon, une médaille commémorative des combats de Sedan. "

À cette occasion, ils envoient une photo d'eux à leurs enfants restés en Calédonie. Nous ignorons s'ils reviennent ou pas. Lorsque Anaïs meurt à Toulon en 1918, elle est déclarée veuve mais nous ne savons ni où ni quand son époux est décédé. "
" Angèle, leur fille aînée, après un premier mariage avec Augustin Daval, un surveillant militaire, et un premier fils, Eugène Paul, s'unit à Charles Hermann Ohlen, un propriétaire terrien d'origine allemande, et agriculteur à Bourail. En se mariant à un Allemand, mon arrière-grand-mère a perdu la nationalité française. "

Elle est réintégrée dans sa nationalité et son mari devient Français en 1899. Ils habitaient alors à Bourail où sont nés six de leurs sept enfants, dont Henri le grand-père de Dominique.

Angèle et Charles Hermann vont ensuite partir vivre aux Nouvelles-Hébrides.

" Pierre et Georges, les deux fils du surveillant, épousent deux sœurs, Elise Ida et Blanche Jouvent, avant de s'installer aux Nouvelles-Hébrides. Pierre ne s'y plaît pas et quitte l'archipel pour le Maroc.

Georges est d'abord commerçant et président de la commission municipale de La Foa avant de partir aux Nouvelles-Hébrides.


Là-bas, il devient planteur à Tagabé, puis le fondateur du premier hôtel de Port-Vila. En 1910, Le Néo-Hébridais publie qu'il est "le seul vendeur au détail du bétail provenant de Port-Havannah". Georges décède à Port-Vila en 1933.

De son union avec Blanche naissent six enfants dont Albert, le père d'Alain, et Émile, engagé volontaire au Bataillon du Pacifique à 17 ans. Il revient de la guerre gazé et médaillé après plusieurs citations. "
Dominique a plusieurs fois tenté de récupérer le dossier de son aïeul et d'autres informations par le biais des Archives d'Aix-en-Provence, mais les délais sont longs et parfois les demandes restent sans réponse. Petit à petit, le puzzle grossit malgré les difficultés. " Les deux dernières filles de notre ancêtre, Victorine et Marie-Jeanne, épousent deux surveillants militaires, Eugène Chevalier et Jacques Laurent. Je n'ai découvert que très récemment que la première s'était mariée à l'ile Nou en 1889, puis ils sont passés par le Nord de la France à Malincourt où leur fille est née en 1891. Ils se fréquentaient entre familles de l'administration à l'époque, j'ai retrouvé des récits de bals et autres réceptions. La dernière, Marie-Jeanne, accouche une première fois à l'île Nou puis suit son mari en Guyane où une fille naît à Saint-Laurent-du-Maroni. Après cela, nous perdons la trace des deux familles. "
" À l'indépendance des Nouvelles-Hébrides, tout le monde est revenu en Nouvelle-Calédonie, sauf Isabella, ma tante, et Bernard, le frère d'Alain. "
Le départ de Port-Vila est un sujet sensible pour Dominique, l'émotion est encore là, même après tant d'années. " Jacques, mon père, est né à Port-Vila comme Isabella sa sœur, mais il faisait souvent des allers-retours à Nouméa pour voir sa famille, et notamment son cousin germain, Charles Ohlen, le capitaine de la Monique. "
Alain se souvient de son père, employé aux Comptoirs français puis commerçant à Port-Vila, ville où il est né en 1915. " Mon père a ensuite racheté la fabrique de glace et de limonade de Charles Anger puis a dirigé le cinéma du stade. Il mettait des disques sur le gramophone, et notamment La Marseillaise ! Ma mère faisait les livraisons de limonade et a travaillé comme sténo à la Résidence de France. À leur retraite, mes parents sont revenus finir leurs jours à Nouméa. Cela a été un véritable déracinement, mon père ne s'est jamais remis de son départ. "

" Georges s'intéresse à la vie publique de la commune (Sarraméa fait alors partie de La Foa). Élu dès 1900 à la commission municipale, il développe également un commerce important, de même qu'une activité de charrois entre La Foa et Sarraméa. Cette réussite professionnelle et politique fait des envieux, et au cours de son second mandat, il est victime de basses manœuvres politiques destinées à l'écarter de la commission municipale.
Traduit en cour d'assises en 1907, Georges Rolland sera acquitté et lavé des accusations calomnieuses dont on l'avait accablé. " Extrait de La Foa, 120 ans d'histoire municipale, par Jerry Delathière.
Cette série sur les destins de familles issues de la colonisation pénale, tirée du livre Le Bagne en héritage édité par Les Nouvelles calédoniennes, est réalisée en partenariat avec l'Association témoignage d'un passé [2]. Quelques exemplaires de l'ouvrage Le Bagne en héritage, certes un peu abîmés, ainsi que des pages PDF de la parution dans le journal sont disponibles à la vente. Pour plus d'informations, contactez le 23 74 99.
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