
L’aventure de la scorie se poursuit pour la SLN. Après un premier chargement de 40 000 tonnes de ce matériau en début d’année, un second navire est parti ce samedi 20 septembre à destination du Texas, aux États-Unis, ce qui porte à 80 000 tonnes le volume de "sland" exporté cette année. Le "sland", c’est le nom des scories résiduelles qui sortent des fours de la SLN en plus du ferronickel. Ce produit inerte est utilisé depuis très longtemps sur le Caillou, notamment pour en faire des remblais. Et la ressource est colossale : 1 million de tonnes est produit chaque année à Doniambo.
"Des recherches ont été réalisées depuis une décennie pour mieux qualifier la scorie, qui trouve maintenant de plus en plus d’applications, comme le sablage-peinture aux États-Unis, ou la construction localement, depuis que le produit a été inscrit dans le Référentiel de la construction de Nouvelle-Calédonie", précise la SLN. Le produit est traité localement par la société VPI (Valorisation de produits industriels), qui le crible notamment pour y ajouter de la valeur avant de l’expédier aux USA, où il est utilisé en sablage, c’est-à-dire pour le décapage de surfaces métalliques. Une application de niche, mais qui représente un réel débouché.
Pour Yves Veran, le "Monsieur scories" de la SLN, cet envoi constitue un motif de satisfaction. "80 000 tonnes, ça reste modeste à l’échelle de ce qui est produit chaque année, souligne le chef de projet Valorisation scories, mais la filière se développe et se pérennise. C’est un vrai potentiel, insiste-t-il. Cette vente donne une reconnaissance à la scorie locale et pourrait ouvrir la porte à l’exportation chez nos voisins du Pacifique.
Un signe encourageant supplémentaire pour la valorisation des 25 millions de tonnes de scories de la SLN disponibles, après la décision du gouvernement, en avril, d’inscrire le "Sland" au référentiel de la construction de la Nouvelle-Calédonie (RCNC). "Ca devrait aider à faire changer les choses, espère Yves Veran. On peut construire n’importe quel type de bâtiment aujourd’hui en utilisant la scorie. Encore faut-il que les ouvrages ou que les marchés soient lancés. Le RCNC, c’était la dernière brique qui manquait pour qu’on puisse utiliser des scories dans du béton, en effaçant la problématique de l’assurabilité."
"La scorie, j’y ai toujours cru. On en a une montagne disponible, au même titre que le métal. On arrive à convaincre de plus en plus de monde que c’est une ressource. Notamment à l’échelle gouvernementale. C’est un travail qui porte ses fruits", se réjouit Yves Veran. Si le prix de la tonne de scorie exportée est confidentiel, son exportation "permet de mettre un peu de beurre dans les épinards". "Cela couvre nos frais et c’est déjà pas mal", se réjouit Yves Veran, persuadé du potentiel de cette matière qui représente "une vraie richesse pour la Calédonie".