
"C’est important de venir pour se rendre visible et pour rencontrer les gens, les rassurer", témoigne Charlène Regnier, gérante du club de plongée de Koumac, Eden bleu caledonia. Sa volonté semble partagée par la quarantaine d’exposants présents ce samedi 27 septembre à la 8e édition d’Échappées Nord, qui se tient à la Maison des artisans jusqu’à 18 heures. Le salon regroupe l’ensemble des acteurs touristiques de la région, hébergement, restauration, activités maritimes, terrestres, artisanat… "On essaie de répondre aux questions 'Où dormir, où manger et que faire' quand on vient dans le Nord", introduit Judickaël Selefen, directeur du GIE Tourisme province Nord, organisateur de l’évènement.
La situation est très dure pour les professionnels depuis les émeutes de mai 2024, qui subissent de plein fouet le fort ralentissement du tourisme. Il a fallu s’adapter pour tenter de préserver son activité. Charlène Regnier a créé son club de plongée à Koumac en novembre 2023. Le bateau est arrivé fin mars 2024. "J’ai pu travailler seulement un mois et demi et c’était fini, c’était très dur", raconte-t-elle. Ayant investi dans l’infrastructure, c’est uniquement grâce au soutien de ses parents qu’elle arrive encore à tenir. "J’ai cette chance qu’ils m’aident, parce que je n’y arrivais plus. Mais du coup, ils ne peuvent plus venir me voir, je reste seule ici, je galère, mais je fais tout pour que le club survive." Charlène Regnier s’est donc formée pour devenir monitrice santé et ainsi développer ses compétences.

Fred Simard, le gérant de Tiakan fishing, à Ponérihouen, s’est tourné vers une autre activité depuis la crise. "Je fais de la pêche en mer et je vends à droite à gauche." À Hienghène, le lodge Ka Waboana a eu recours au chômage partiel et fonctionne différemment aujourd’hui, indique Farah Tjibaou, la gérante. "On s’adapte en fonction de la fréquentation." Et après des mois sombres, une éclaircie. "On sent une légère reprise, on a eu du monde pendant les vacances d’août et on a des réservations pour celles d’octobre. Ça redonne espoir." Pour d’autres, le redémarrage se fait attendre. "On tient encore, j’ai toujours envie de continuer parce que j’aime ce métier, être au contact avec les gens, mais on ne voit pas vraiment d’évolution ces derniers mois, aucun client n’est venu. Ils ont peur, peut-être encore plus de la côte Est que de la côte Ouest", considère le professionnel. Pour inciter les gens à se déplacer, Farah Tjibaou vante les mérites de la région de Hienghène. "Je leur dis de ne pas avoir peur, qu’il y a des activités, comme prendre un apéritif sur un bateau, de la randonnée, de la plongée, le centre culturel, des ateliers de tressage…"

À cela s’ajoute la crise économique. "Avec la crise, les gens ne veulent plus investir ni sortir de chez eux", constate Fred Simard. Les prestataires proposent donc des réductions pour attirer la clientèle. "Les promotions marchent un petit peu, même si ce n’est pas grand-chose. On voit un petit intérêt. On a des réservations pour le mois d’octobre. Après, en revanche, je n’ai plus rien. Il n’y a pas de visibilité." Un frémissement "très timide", corrobore Charlène Regnier. D’où l’importance d’un tel salon. Être présent permet de se faire connaître. "Ce matin, je sens quand même les gens un peu réceptifs, plus que lors du dernier Échappées Nord en mars." Tous passent le même message : "Ici, c’est calme, on les attend, il est temps qu’ils viennent nous voir". Pour continuer à faire parler du lodge Ka Waboana, après Échappées Nord, Farah Tjibaou participe, le week-end prochain, à la Foire du Pacifique. Pour ne plus être "les oubliés".
