
Le premier objectif est de contribuer à augmenter la fréquentation touristique de la destination. C’est pour ça qu’on vient ici deux fois par an depuis 2020. Là, dans un contexte de crise, on revient pour faire redémarrer cette fréquentation, pour rassurer les gens et pouvoir échanger avec eux.
L’autre point est de permettre aux prestataires de se rendre compte de la situation économique du marché, que les gens ont perdu du pouvoir d’achat. On fait des offres, des promotions. Le marché évolue et change.
C’est la question qu’on s’est tout de suite posée à la sortie des émeutes. Est-ce que le lien est rompu ? Le lien a été bousculé, mais pas rompu. Les gens sont là. Quand on a proposé de descendre, les gens nous ont dit : "Oui, nous, on veut descendre". La volonté de maintenir les activités est présente. Maintenant, on leur dit : "Il y a quelque chose qui s’est passé, il y a une distance qui s’est créée entre nous et la clientèle, il faut essayer de rapprocher les gens". De toute manière, au-delà du rapport économique, lorsqu’on vient consommer une prestation touristique, il y a le lien social. Est-ce que les gens veulent encore se rencontrer ? Pour ce qui concerne nos prestataires, la réponse est oui. On veut encore rencontrer les gens. Si ça s’est présent, il faut vérifier qu’en face, c’est le cas. On s’est aperçu, lors de l’édition d’Échappées Nord en mars, que les gens avaient envie de revenir. Là, on s’aperçoit que si ça reste un enjeu, il a été couvert par tout ce qu’on a fait en matière de communication, de promotion et d’échanges. Il y a une nouvelle donnée, c’est la baisse du revenu de la population. C’est un élément qu’il faut prendre en compte.
La crise nous a permis d’avoir un enseignement, c’est que les petites structures, la façon dont elles sont construites, ont peu de prêts, donc peu d’échéances bancaires. En revanche, l’enjeu c’est plutôt la patente à payer. C’est un enseignement en termes d’offres touristiques, de typologie de structure plus à même de traverser les crises. À défaut de faire des grands hôtels, des grands complexes, finalement, ça correspond aux gens. Les petites structures survivent mieux à la crise. On s’aperçoit que les prestations touristiques, c’est un complément de revenu. Ce n’est pas à 100 % de l’activité des gens. Quand ça a fermé, les gens ont mis ça de côté, en sommeil, et quand ça reviendra, on repartira. C’est ça la vision qu’il faut avoir. C’est parce que ça fait partie d’une pluriactivité, que les gens ont pu traverser la crise. C’est aussi, nous, en termes de développement touristique, il faut essayer d’accompagner les petites structures. C’est plus pertinent, plus efficace, ça coûte moins cher et ça résiste aux crises.
Pour eux, c’est plus compliqué, il y a des charges salariales, des emprunts pour de la rénovation… C’est ça qu’il faut couvrir maintenant. Et la fréquentation qu’on a aujourd’hui ne le permet pas. En gros, on est sur un taux de remplissage, en moyenne, entre 15 et 20 %, quand on aurait eu 30 % en période de basse saison. On est plus bas qu’une basse saison. Et en haute saison, là où on serait à 60 % – 70 %, on est à 35 % ou 40 %. Donc, il y a quand même un gros impact sur la fréquentation de tout ce qu’on a vécu ces derniers temps, avec un facteur aggravant qui est la perte de revenus de la population. Et avant, l’apport de touristes étrangers venait faire office de tampon. Or, il y en a moins.

On s’aperçoit que les gens sont davantage portés sur les petites structures, pour lesquelles il y a un intérêt. L’accueil chez l’habitant, les petits gîtes au village, les campings, un produit qui revient à la mode et qui est approprié aux familles. C’est ça aussi la nouveauté.
Nous, on a une structure de promotion, de communication. Mais, avec le contexte, on a un peu glissé sur de l’accompagnement et l’appui des prestataires sur la partie communication. On est davantage sollicités. Et puis, les gens ont besoin d’échanger, de vider leur sac. Quand on fait des tournées, parfois, on fait trois heures de discussion et finalement, on parle 30 minutes de tourisme et le reste concerne la vie de tous les jours.
Échappées Nord : "Il est temps que les gens viennent nous voir" [1]