
Un groupe d’étudiants dirigé par des jeunes et un avocat spécialisé dans les droits de l’homme qui ont porté la question du climat devant la Cour internationale de justice (CIJ) ont reçu mercredi le prix Right Livelihood, surnommé le "Nobel alternatif".
Le prix a également récompensé le réseau d’aide humanitaire soudanais Emergency Response Rooms, ainsi qu’un groupe birman de lutte contre la corruption et un défenseur taïwanais de la démocratie numérique.
Frustrés par la lenteur des efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique, vingt-sept étudiants en droit de l’Université du Pacifique Sud au Vanuatu ont décidé en 2019, selon leurs propres termes, de "porter le plus grand problème mondial devant la plus haute cour du monde".
La campagne menée par l’organisation Pacific Islands Students Fighting Climate Change (PISFCC) a abouti en juillet dernier à la publication d’un avis consultatif de la CIJ stipulant que les États ont l’obligation légale de lutter contre le changement climatique.
Bien qu’ils ne soient pas juridiquement contraignants, les avis consultatifs ont un poids politique et juridique.
Le jury du prix a salué le groupe "pour avoir porté l’appel à la justice climatique devant la plus haute cour du monde, faisant de la survie une question de droits et de l’action climatique une responsabilité juridique".
Confrontés à la menace de l’élévation du niveau de la mer et à des conditions météorologiques plus extrêmes dans des régions telles que l’océan Pacifique, les pays insulaires sont particulièrement exposés aux risques liés au changement climatique.
"C’est un problème existentiel pour les jeunes de pays comme Kiribati, Tuvalu ou les Îles Marshall. Ils sont témoins des effets du changement climatique à chaque marée haute", avait déclaré Vishal Prasad, directeur du PISFCC, à l’AFP en juillet.
Le groupe a partagé son prix avec Julian Aguon, un avocat spécialisé dans les droits humains originaire de Guam, dont le cabinet, Blue Ocean Law, a élaboré la stratégie juridique pour mener à bien cette affaire.
La Right Livelihood Foundation, basée en Suède, a également récompensé Emergency Response Rooms, un réseau communautaire local, pour avoir distribué de l’aide pendant la guerre civile au Soudan.
Ce réseau a été décrit comme "la colonne vertébrale de la réponse humanitaire du pays dans un contexte de guerre, de déplacements de population et d’effondrement de l’État".
Justice For Myanmar (JFM), un groupe clandestin d’activistes birmans qui s’efforce de dénoncer les entreprises qui tirent profit de la junte militaire du pays et la soutiennent, a également été récompensé.
La programmeuse et cyberambassadrice taïwanaise Audrey Tang a également reçu le prix pour "avoir fait progresser l’utilisation sociale des technologies numériques afin de donner plus de pouvoir aux citoyens, de renouveler la démocratie et d’apaiser les divisions", a déclaré le jury dans un communiqué.
Le prix Right Livelihood a été créé en 1980, lorsque Jakob von Uexkull, collectionneur de timbres suédois-allemand, a vendu une partie de sa collection pour le financer, après que la fondation à l’origine des prix Nobel a refusé de créer de nouvelles distinctions dans les domaines de l’environnement et du développement international.