Qui a volé les crânes d’Ataï et de son Dao ? On ne le saura peut-être jamais. Malgré une "longue enquête menée par la brigade de recherche de La Foa" à la suite de la profanation du mausolée du grand chef, en juillet 2024 [1], au cours de laquelle les tombes avaient été ouvertes et des ossements, dont les crânes d’Ataï et de son sorcier, dérobés, le parquet annonce ce jeudi 2 octobre le classement sans suite de cette procédure, "au motif suivant : auteurs non identifiés."

"Rites occultes"

Selon le procureur de la République, Yves Dupas, malgré l’audition par les enquêteurs d’une trentaine de témoins et de multiples investigations techniques, celles-ci "n’ont pas permis d’orienter la procédure".

Selon les renseignements recueillis au cours de la procédure, les deux crânes "auraient été dissimulés dans une forêt dans le secteur de Canala et serviraient lors de rites occultes", indique le procureur, qui ajoute qu’au cours de l’enquête, "certains ont contesté la localisation sur la commune de La Foa" du mausolée en l’honneur du grand chef qui avait mené en 1878 l’insurrection kanak contre la colonisation et dont le crâne, envoyé après sa mort à Paris, avait été restitué à ses descendants en 2021 [2], au terme d’une longue procédure.

Le parquet explique que "malgré les démarches engagées auprès de plusieurs responsables coutumiers, les reliques demeurent à ce jour introuvables".

"Une surprise et une déception"

Pour Cyprien Poaero Kawa, membre du clan du grand chef Ataï, c’est "une surprise et une déception". Mais le responsable coutumier n’entend pas en rester là. "Lors de la dernière venue du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, nous lui avons adressé un courrier pour lui demander que des prélèvements soient effectués car les tombes ont été ouvertes à l’aide d’explosifs et une enquête aurait permis d’en déterminer l’origine. Ce courrier est resté sans réponse", déplore Cyprien Kawa qui ajoute rester dans l’attente d’une enquête approfondie et envisage de faire appel à un cabinet d’experts indépendants dans l’espoir de relancer une procédure.