
Le parquet de Paris a fait appel du feu vert donné par les juges d'instruction [1] au leader kanak Christian Tein, mis en cause dans l’enquête sur les émeutes mortelles de 2024 en Nouvelle-Calédonie, pour retourner sur le Caillou, a appris l’AFP, ce jeudi 2 octobre, d'une source proche du dossier. La cour d’appel de Paris devra désormais se prononcer sur son maintien dans l'Hexagone ou son retour au pays.
"Après le bruit médiatique organisé par les opposants politiques de M. Tein, nous ne sommes malheureusement pas surpris", a réagi Me Florian Medico, l’un de ses avocats avec Mes François Roux et Pierre Ortet. "Nous comptons sur la capacité de la justice à ne pas prêter attention aux sirènes de la colère pour conserver la droite ligne d’une appréciation déjà réfléchie par l’instruction et parfaitement mesurée", a ajouté le conseil.
Les juges d’instruction chargés du dossier avaient justifié le 23 septembre cette décision contestée par le parquet en expliquant que Christian Tein, 57 ans, avait respecté les obligations de son contrôle judiciaire, que de larges investigations avaient déjà été menées le concernant et que ses positions sur les faits étaient désormais actées au dossier.
Les juges soulignaient aussi que le président du FLNKS avait pris la parole publiquement plusieurs fois sans inciter ni provoquer à commettre des infractions, permettant d’alléger son contrôle judiciaire.
Au vu notamment de l’avancée du dossier, les magistrats avaient aussi levé l’interdiction de contact entre Christian Tein et d’autres mis en cause indépendantistes, Guillaume Vama, Dimitri Qenegei, Brenda Wanabo ou encore Steeve Unë.
Christian Tein, à l’époque chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), reste mis en examen pour vols en bande organisée avec arme, destructions en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et délits.
Interpellé en juin 2024, il avait été placé en détention provisoire et transféré immédiatement dans l’Hexagone avec six autres militants, à bord d’un avion spécialement affrété. Christian Tein, aujourd’hui président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a toujours nié avoir appelé à commettre des violences.