Comment promouvoir le métier de comédien au mieux auprès des jeunes des Outre-mer ? Probablement exactement comme l’École supérieure du Théâtre de l’Union [1] s’y prend actuellement. Depuis 2018, tous les deux ans, une campagne d’audition est lancée auprès des jeunes Ultramarins pour intégrer la Classe préparatoire intégrée (CPI), afin, ensuite, de tenter les concours d’entrée à l’une des douze écoles supérieures d’art dramatique métropolitaines.

Le 25 octobre se déroulera au Théâtre de l’Île la prochaine audition pour les Calédoniens. Et comme l’idée du projet est de donner toutes les chances aux jeunes Ultramarins d’intégrer le cursus d’art dramatique, une semaine de stage est offerte pour se préparer à l’audition. Ce programme de classe préparatoire, "c’est donner la possibilité à tous les jeunes de rêver grand", souligne le Théâtre de l’Île. "Cette école est partie du constat qu’il y avait très peu d’élèves ultramarins dans ce cursus et qu’ils n’étaient pas au même niveau de préparation", raconte Myriam Remigy, responsable de l’action culturelle au Théâtre de l’Île et relais de l’École supérieure du Théâtre de l’Union pour l’organisation de ces auditions.

Stage intensif avant les auditions

Le jury des auditions sera composé de quatre personnes : trois professionnels calédoniens et un de l’École de Limoges, le tout sous le regard d’Héloïse Belloir, qui porte cette CPI et ses auditions pour le Théâtre de l’Union. La classe préparatoire accueillera en septembre 2026 dix étudiants issus des Outre-mer. Le nombre de places est donc très limité. Mais pas d’inquiétude : une semaine de stage intensif sera proposée du 20 au 24 octobre au Théâtre de l’Île. Et ce gratuitement, et ouvert à tous les volontaires. "Un metteur en scène mandaté par Limoges anime le stage", précise Myriam Remigy. Il permet aux jeunes d’être soutenus dans le choix de la scène qu’ils vont jouer, ce choix étant totalement libre.

Durant l’audition, le futur comédien ou la future comédienne doit également soumettre une production libre reflétant un autre de leur talent : du slam, de la danse, du chant, jouer d’un instrument de musique, lire une de leur production écrite… "Ils doivent laisser libre cours à leur créativité. " Enfin, le jeune prétendant à la classe préparatoire passe un entretien individuel avec le jury. Myriam Remigy l’assure : " Nous recherchons davantage des potentiels que des personnes déjà aguerries. Il faut avoir un vrai désir de théâtre, une grande motivation et avoir conscience que passer un an en classe prépa, c’est intensif, c’est être soumis à la pression des concours, c’est passer un an loin de sa famille… Il faut être motivé et solide."

Choyés durant une année

Pour intégrer la classe préparatoire, en septembre 2026, il faudra avoir 18 ans et être titulaire du baccalauréat. Les auditions sont donc ouvertes aux jeunes de 17 à 23 ans, les écoles d’art dramatique ne recrutant pas au-dessus de 24 ans. Si l’aspirant comédien réussit son audition, l’année scolaire à Limoges sera alors gratuite. "L’équipe de Limoges s’occupe de trouver une place en cité U aux étudiants ultramarins, elle va les chercher à l’aéroport, les soutient pour obtenir des aides au logement, des demandes de bourses…", liste Myriam Remigy. Quant aux billets d’avion, les élèves peuvent également faire une demande d’aide auprès du dispositif Passeport mobilité études. Bref, les futurs comédiens et comédiennes sont choyés pour cette première année.

Ensuite, à eux de travailler dur pour passer les concours d’entrée dans les écoles supérieures d’art dramatique, puis d’entrer de plain-pied dans le monde étudiant. Comme Laurence Bolé, qui a réussi la toute première audition en 2018 et qui est désormais diplômée de l’École nationale supérieure d’art dramatique de Montpellier et comédienne professionnelle, ou Florian Maca Elia, actuellement étudiant au Conservatoire national supérieur d’art dramatique.