
Ce sont cent enfants, à la fois ordinaires et extraordinaires (porteurs d’un handicap), qui ont pris de la hauteur le temps d'un tour en avion, ce mardi 7 octobre, depuis l’aérodrome de Magenta. Le résultat d’un projet copiloté par Patrice Miot et Manuel Berthier, membres du Rotary Club Nouméa Ouen Toro, soutenus dans cette aventure par Anthony Knapik-Bridenne, vice-président de Rêves de gosse, dont l’objectif est "de favoriser l’inclusion". L’association métropolitaine propose chaque année, dans différentes villes de France un vol pour les enfants qui participent à ce programme. Et pour la première fois, Rêves de gosse fait escale dans le Pacifique, en Nouvelle-Calédonie.
Cette matinée vient en réalité conclure un projet pédagogique qui vise à faire se rencontrer des enfants sans et avec un handicap, aux parcours variés, "quand on est cabossé par la vie, la maladie, la société", introduit Anthony Knapik-Bridenne, avant d’ajouter : "le vol, c’est surtout pour qu’ils aient une empreinte psychique forte, qu’ils se souviennent qu’ils l’ont fait avec quelqu’un qui est un peu différent et que l’acceptation, c’est ce qui permet de faire société, c’est la base du vivre-ensemble."
Depuis plusieurs mois, ces cent enfants apprennent à s’apprivoiser. D'un côté, quarante élèves issus de deux CM2 des écoles Koch et Dupont, à Nouméa. De l'autre, soixante jeunes en Clis à Koch et Courtot, mais aussi issus de l’APEH (Association des parents d’enfants handicapés), l’APEI (Association des parents et amis des personnes handicapées intellectuelles), l’ISA (Institut spécialisé autisme) et l’ACH (Association calédonienne des handicapés).
Deux journées "remarquables" ont d’abord été organisées sur le site de l’ACH, à Nouville, en juin et en septembre, l’occasion de participer à des ateliers artistiques, des jeux coopératifs, des découvertes sensorielles, des échanges, etc. "Au début, il y a eu des angoisses, des craintes, des pleurs... Les enfants ne s’étaient jamais vus, on ne côtoie pas le monde du handicap. Et, au fur et à mesure, c’était impressionnant de voir comment les choses ont évolué", raconte Patrice Miot.

Florence Alaux, professeur de CM2 de l’école Yvonne-Dupont, l’a vécu avec sa classe. "Lors de la première rencontre, des élèves m’ont dit : "J’ai peur, je suis gêné". Je n’aurais pas imaginé ça. À la fin, ils étaient fiers de dire qu’ils n’avaient plus peur. Ils les considéraient comme des gens normaux et trouvaient ça normal d’être avec eux. Cela a aussi été source de nombreuses discussions poignantes en classe. C’est un super projet, très riche."
Plusieurs accueillis à l’ACH ont pris part à cette initiative, encadrée notamment par Xutre Xowie, coordinatrice éducative, qui n’a pas hésité à saisir cette opportunité. Ce qu’elle retient avant tout ? Le fait que les personnes porteuses d’un handicap soient "mélangées à tous les enfants. Le plus important, c’est l’inclusion dans un milieu ordinaire, le fait que le handicap ne soit pas une barrière, simplement une spécificité, comme nous en avons tous". Xutre Xowie espère donc que cette première édition sera suivie d’autres. "Je pense que ce genre d’événement peut permettre de changer les mentalités et la façon de percevoir l’autre."
Les sourires ont été nombreux ce matin, à l’aérodrome de Magenta. Quatre avions, dont un de Skydive, un d’Air Océania et deux de Montagnat, ainsi que le Casa de l’armée de l’air ont emmené les enfants pour un vol exceptionnel. À terre, également, un stand de maquillage, une exposition, de la musique, un espace photos, ou encore la présence de Guy Raguin. Une journée "magique", qui s’est achevée par un déjeuner partage. Patrice Miot espère réitérer l'évènement. "On imagine le faire tous les deux ans, et puis j’aimerais pas bien qu’on aille à Koumac ou Lifou…"
