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Pourquoi si peu de Calédoniens mangent-ils sainement ?
Anthony Tejero | Crée le 13.10.2025 à 04h55 | Mis à jour le 14.10.2025 à 10h37

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Le marché de Ducos, où le vente est souvent directe avec les producteurs, permet d'acheter des fruits et légumes à des prix parmi les plus bas du pays. Photo Anthony Tejero
Seuls 10 % des adultes Calédoniens respectent les recommandations en matière de consommation de fruits et légumes quotidienne. Alors que l’Agence sanitaire et sociale a clôturé ce week-end au marché de Ducos, une tournée d’un mois de prévention pour "manger mieux et bouger plus", les équipes rencontrées livrent quelques conseils et rappellent les pièges à éviter pour se nourrir plus sainement dans un pays où la majorité de la population est en surpoids.

70 % de la population en surcharge pondérale

C’est un chiffre édifiant répété, année après année. En Nouvelle-Calédonie, sept personnes sur dix souffrent de surpoids. L’obésité concerne même 40 % de la population*. La sédentarité, et donc le manque ou l’absence d’activité physique, joue un rôle important dans ces surcharges pondérales. Tout comme l’alimentation. Si le slogan "manger cinq fruits et légumes par jour" est désormais bien connu, il semble toujours difficile à se concrétiser dans les assiettes. Selon l’Agence sanitaire et sociale (ASS NC), seuls 10 % des adultes Calédoniens respectent ces recommandations. Au-delà de l’aspect financier, les produits frais étant parfois trop chers pour certaines familles, cette statistique relève d’abord de mauvaises habitudes alimentaires, profondément ancrées.

Le piège du riz blanc

Au pays de l’igname, le riz blanc règne désormais en maître dans les repas des familles calédoniennes. Mais en quoi est-ce un problème ? Tous simplement parce que "ce riz est dénué de fibres, au contraire des fruits et légumes qui en sont remplis. Ce sont donc des calories vides qui apportent très peu de micronutriments, explique le Dr Dominique Megraoua, médecin à l’ASS, qui ne balaie pas d’un revers de la main l’intérêt des féculents, à condition que les Calédoniens se tournent davantage vers les tubercules, "bien plus intéressants" et présents en nombre dans le pays : ignames, taros, maniocs, pommes de terre, etc. La patate douce, pour ne citer qu’elle, est par exemple très riche en glucides complexes, qui fournissent une source d’énergie durable, en bêtacarotène (vitamine A), en cuivre et en potassium, qui contribuent au bon fonctionnement du système immunitaire.

Des consommations de viande bien trop élevées

Avec le riz, la viande constitue l’autre pilier de l’alimentation locale. Et ce n’est pas une bonne nouvelle. Avec une consommation de "plus d’un kilo" de viande par personne et par semaine, les Calédoniens en consomment deux fois trop puisque les autorités sanitaires recommandent de ne pas dépasser les 500 grammes hebdomadaires.

Et sur cette gamme de produits, là encore, certains sont à privilégier, d’autres à reconsidérer. À commencer par les plus mauvaises pour l’organisme : la charcuterie, la viande rouge, qui a une "dimension cancérogène" à forte dose et celle transformée d’une manière générale. "La viande est remplie de graisses et de graisses saturées. Quand vous mangez la peau du poulet par exemple, vous n’ingurgitez que de la graisse, poursuit le Dr Dominique Megraoua, qui recommande de se tourner davantage vers la viande blanche ainsi que le poisson.  Pour ce dernier produit, mieux vaut privilégier les petites espèces lagonaires que les espèces pélagiques, qui ont tendance à être des bio accumulateurs de métaux lourds, comme le mercure pour le thon.

Arrêter de boire sucré

Soda et autres boissons sucrées sont légions dans les rayons du pays. Et c’est un fléau qu’il conviendrait de bannir, puisque de nombreux Calédoniens en consomment tous les jours. Sur ce point, l’ASS n’a d’ailleurs qu’un seul message à passer : "la seule boisson utile, c’est l’eau". La consommation de boissons sucrées a d’ailleurs augmenté dans le monde au cours des dernières décennies. Si elles ont déjà été associées à un risque accru d’obésité, elles sont considérées également comme un facteur important de risque de cancers.


Dick Forest, Dominique Megraoua et Caroline Fulchiron, de l'ASS, ont sensibilisé le public aux alimente et aux boissons sain(e)s pour la santé, samedi 11 octobre, au marché de Ducos.  Photo Anthony Tejero

Il n’est pas trop tard pour changer ses habitudes

La bonne nouvelle en matière d’alimentation, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour questionner sa consommation, sans culpabiliser, et la modifier progressivement. "Ce n’est pas une fatalité car le surpoids et l’obésité ne sont généralement pas génétiques mais ils sont surtout liés aux modes de vie. On sait par exemple que 70 % des nouveaux cas de diabète sont évitables en Nouvelle-Calédonie", assure le Dr Dominique Megraoua, pour qui "les gens ne sont pas tous maîtres de leurs choix alimentaires", selon leur origine sociale et leur environnement familial. "Certaines personnes se tournent vers la facilité, d’autres vers les produits les moins chers et donc de mauvaise qualité. Mais tout le monde peut se faire aider et accompagner. L’ASS à une équipe de nutritionnistes qui se rend dans tous les dispensaires de Nouvelle-Calédonie par exemple."

Où trouver des produits sains et frais au meilleur prix ?

Sur le volet financier, la Chambre d'agriculture et de la pêche insiste quant à elle, sur l’intérêt pour les foyers aux revenus les plus modestes de la vente directe. En clair, elle invite à faire ses courses dans les marchés où les fruits et les légumes sont généralement vendus moins cher que dans les autres réseaux de distribution. "Les consommateurs sont le plus souvent à la recherche de prix bas, mais aussi de qualité, et les agriculteurs-pêcheurs sont à la recherche d’une meilleure marge pour leur production. Je pense que les marchés de proximité ont la capacité de répondre à ces deux besoins", analyse Jean-Christophe Niautou, le président de la chambre consulaire, qui annonce par ailleurs qu’en 2026, le marché de Ducos ne proposera plus que des produits locaux [1].


Il est recommandé de consommer au moins cinq portion de fruits et légumes par jour.  Photo Anthony Tejero

Vers une dégradation des habitudes alimentaires ? 

La crise insurrectionnelle du 13-Mai, qui a plongé de nombreuses familles dans la précarité, pourrait avoir des effets délétères sur les modes de vie des Calédoniens. C'est du moins ce que redoute l'ASS.

"Entre la crise et l'effondrement de certains services publics, on est inquiets sur le renoncement aux soins de certains et sur les habitudes alimentaires qui risquent de se dégrader encore, glisse le Dr Dominique Megraoua. Depuis cinq ans, le travail commençait à payer puisque les courbes de l'obésité et du diabètes se stabilisaient et même reculaient légèrement. On voyait donc les premiers résultats des campagnes de sensibilisation, mais les violences de mai 2024 risquent de mettre à mal tous ces efforts."

Note

Chiffres tirés du baromètre santé adultes 2021-2022. [2]

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