
Au moins 1,68 million d’hectares – une superficie plus grande que le Timor oriental – ont été potentiellement affectés par la déforestation par le biais de soi-disant licences "FCA" (autorité chargée du déboisement), selon un nouveau rapport de 56 pages publié par l’observatoire forestier malaisien RimbaWatch, la Papua New Guinea Environment Alliance et le Fonds Bruno Manser.
Le permis FCA, prévu par la loi forestière de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour faciliter le défrichage à grande échelle au profit de projets agricoles ou d’infrastructure, est cependant souvent détourné pour servir l’exploitation forestière illégale, ont affirmé les défenseurs de l’environnement.
En dépit du moratoire sur les nouvelles licences FCA instauré par Port Moresby en 2023, la déforestation généralisée et les violations des droits humains, notamment le défaut de consultation des propriétaires fonciers autochtones, ont persisté, ont-ils affirmé. Selon le rapport, des enquêtes plus approfondies ont révélé que 65 des 67 licences FCA étaient contrôlées par des entreprises ayant des liens en Malaisie, dont beaucoup sont connectées à des familles politiquement influentes de l’État malaisien de Sarawak, sur l’île de Bornéo.
Le rapport préconise une suspension immédiate des exportations de bois provenant des zones FCA, le temps qu’une enquête et un examen approfondi soient menés par la Commission malaisienne de lutte contre la corruption pour garantir que les concessions ont été acquises légalement et sans activités illicites.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite une partie du troisième plus grand écosystème de forêt tropicale intacte au monde, mais au moins 15 % de son couvert forestier a été dégradé ces dernières années sous l’effet d’une déforestation rapide et continue. Le militant autochtone Komeok Joe, originaire de Sarawak, a appelé les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée à s’opposer aux entreprises titulaires de licences FCA pour préserver les forêts tropicales. "Au lieu de permettre la destruction de ses forêts par des entreprises liées à la Malaisie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée devrait investir davantage pour renforcer la protection juridique des forêts et des propriétaires fonciers, ainsi que dans des alternatives à l’exploitation forestière destructrice et non durable", a ajouté Pamela Avusi, coordinatrice de la PNG Environmental Alliance.