
La grande salle de Ko We Kara était presque trop petite, ce mercredi 15 octobre, pour accueillir le flot de jeunes gens venus rencontrer un potentiel employeur. Il est à peine 10 heures et déjà la file s’étire jusqu’à l’entrée du hall. À ce moment-là, "1 330 personnes étaient déjà passées par la porte principale", précise Christelle Cance, cheffe de projet à la direction de l’emploi et du logement (Del) de la province Sud, qui organise l’événement chaque année. "Le dispositif s’adresse aux 16-26 ans scolarisés et résidents en province Sud depuis plus de six mois", explique-t-elle.
Le principe est simple : un espace d’accueil pour les conseils et la préparation de CV avec les équipes de la Del et, dans la grande salle, une rencontre directe avec les employeurs. Cette année, vingt-deux stands les attendaient, tenus par des entreprises et des collectivités, "certaines représentant plusieurs enseignes", précise la cheffe de projet.

Si le nombre d’exposants est en baisse par rapport à 2022 – "on en comptait 32 à 36 avant la crise" -, la fréquentation reste forte. "C’est un rendez-vous très attendu, à la fois par les jeunes et par les entreprises", souligne Christelle Cance.
Dans la foule, les motivations sont multiples et souvent très simples. "Je veux juste gagner un peu d’argent", sourit Toamisa, 18 ans, étudiant en BTS communication, venu "sans idée précise de secteur, mais avec beaucoup d’envie". Même discours du côté de Marie-Thérèse, 17 ans, élève en terminale : "Je cherche un job d’été, peu importe le domaine… sauf la restauration ! J’ai déjà donné."

Pour Guyliane, 16 ans, la démarche a aussi une dimension plus symbolique : "Je veux être responsable et rendre fiers mes parents, c’est une façon de ne pas toujours dépendre d’eux", explique l’adolescente. Une motivation que partage Evan, 16 ans lui aussi, et qui met rapidement ses qualités en avant. "Je cherche juste à gagner de l’argent pour les vacances, mais c’est aussi pour apprendre. J’aime travailler en équipe."

Dans les allées bondées, les jeunes circulent entre les stands, CV en main, parfois accompagnés de leurs parents. "Ma fille a 17 ans, c’est la première fois qu’elle vient et elle n’a pas encore le permis", raconte Erwan, 54 ans. "Je l’accompagne pour l’aider à prendre confiance." Et s’il a un conseil à lui donner : "La motivation, c’est le plus important." Pour Amanda, mère de trois enfants, ce rendez-vous est devenu un rite de passage : "Mes deux grands ont déjà participé. Ma fille, c’est la première fois, je l’accompagne pour qu’elle prenne ses marques." Dans une conjoncture économique tendue, les familles voient aussi dans l’opération une opportunité d’autonomie financière pour leurs enfants. "C’est difficile pour tout le monde, alors s’ils peuvent se faire un peu d’argent et apprendre à se débrouiller, c’est très bien", ajoute-t-elle.
Du côté des employeurs, l’intérêt est réel, même si plusieurs structures ont préféré renoncer cette année faute de visibilité économique. "Certains nous ont dit qu’ils donnaient la priorité au maintien de leurs salariés et qu’ils verront pour les jobs d’été si ça va mieux", reconnaît Christelle Cance.

Mais pour les enseignes présentes, comme Bureau Vallée, "les jobs d’été coïncident avec notre période de rush de la rentrée des classes, explique Olivier Nicolas, son directeur général. C’est une méthode de recrutement efficace : on rencontre une trentaine de candidats dans la journée et, chaque année, plusieurs jeunes poursuivent avec nous en CDD et parfois même en CDI." Le directeur insiste sur la philosophie de l’entreprise : "Nous, on ne cherche pas une petite main pas chère. Ce qu’on veut, c’est de la maturité, de la motivation, un état d’esprit. On a parfois des jeunes de 16 ans qui montrent une maturité incroyable."
Certains anciens "Jobs d’été" sont même devenus salariés permanents. "On a des étudiants qui ont travaillé chez nous pendant quatre ans avant de partir en Métropole et qui reviennent chez nous pour financer leur billet d’avion. Ce sont de belles histoires." Car si le dispositif Job d’été est "déclaré comme un stage", explique Christelle Cance, il s’agit bien d’une expérience professionnelle rémunérée. "Le Job d’été est payé au minimum à 65 % du SMG et l’employeur peut aller jusqu’à 100 %", rappelle la jeune femme.
Chaque année, entre 2 000 et 3 000 conventions sont signées, "les jeunes pouvant cumuler plusieurs stages dans la limite de six semaines". Pour les recruteurs, c’est également une manière de détecter des profils prometteurs. "On recherche notre pépite", sourit Olivier Nicolas. Malgré un nombre réduit d’entreprises participantes, le succès populaire de cette édition confirme l’attente de la jeunesse calédonienne.