
La Chine domine la production de ces matières premières utilisées dans de nombreux domaines, des panneaux solaires aux missiles de précision, et elle a menacé d’en restreindre les approvisionnements dans le cadre de sa guerre commerciale avec les États-Unis. Or, le Premier ministre australien Anthony Albanese doit se rendre ce mois-ci à Washington, en vue de conclure un accord pour envoyer davantage de minéraux critiques aux États-Unis.
Selon les chiffres du gouvernement australien, le pays figure parmi les cinq premiers producteurs mondiaux de lithium, de cobalt et de manganèse, qui sont utilisés aussi bien dans les batteries rechargeables que dans les moteurs d’avions. L’Australie abrite également d’importants gisements de terres rares, comme le néodyme et le praséodyme. Ces métaux très convoités permettent de fabriquer des aimants puissants, utilisés dans de nombreuses industries.
L’Australie excelle dans l’extraction de ces minéraux, mais comme la plupart des pays miniers, elle peine à les traiter sur son territoire. Plus de 90 % du lithium australien est expédié chaque année vers de gigantesques raffineries chinoises. Les efforts pour construire des raffineries ont été freinés par des préoccupations environnementales et le coût élevé des infrastructures.
La Chine est de loin le premier raffineur mondial de lithium et de nickel. Le pays détient un quasi-monopole sur le traitement des terres rares, Pékin ayant interdit l’exportation de technologies susceptibles d’aider d’autres pays à traiter ces matériaux. La Chine a également été accusée d’imposer des quotas pour manipuler l’offre disponible. Si l’Australie n’est pas en position de briser la domination chinoise, indiquent des analystes, elle peut offrir une alternative plus fiable réduisant le risque d’une dépendance excessive vis-à-vis de Pékin.
La société australienne Lynas se présente comme "le seul producteur important de terres rares au monde en dehors de la Chine". Pour affaiblir l’emprise chinoise, le gouvernement américain a déjà conclu un contrat de 258 millions de dollars (17,3 milliards de francs) avec Lynas pour la construction d’une nouvelle raffinerie au Texas. Le ministre australien du Commerce, Don Farrell, ne cache pas son envie de conclure un accord plus large avec Washington. "Nous discutons de la question des minéraux critiques depuis, je crois, le jour où Donald Trump est devenu président des États-Unis", a-t-il déclaré plus tôt en octobre.
Canberra craint que l’importance stratégique croissante de ces métaux n’incite des puissances étrangères à infiltrer les sociétés minières australiennes. "Les entreprises australiennes spécialisées dans les minéraux critiques sont une cible pour une série d’acteurs étrangers qui cherchent à obtenir un avantage commercial, technologique ou stratégique", peut-on lire dans un avis officiel publié en mars. En 2024, le gouvernement a contraint plusieurs actionnaires chinois à vendre leurs participations dans la société australienne Northern Minerals, spécialisée dans les terres rares.