
Dans la salle de réunion, la quinzaine de visiteurs écoutent religieusement les consignes de sécurité : casques, lunettes, gilets, distances à respecter. Puis Charles Dubois, directeur technique, les accueille : "Le nickel est partout autour de nous, dans l’avion que vous prenez, dans le bateau qui transporte les marchandises. Ce que la nature nous donne, nous le transformons ici." À l’occasion de la réouverture au public des visites de l’usine de Doniambo, jeudi 16 octobre, le directeur est fier de mettre en avant le savoir-faire de la SLN. "Je suis très content que vous puissiez voir la complexité de notre quotidien, ajoute-t-il, les équipements, les personnes qui y travaillent, des opérateurs qui se forment petit à petit à piloter cette usine imposante."
Après deux ans d’interruption (sauf pour les scolaires) en raison de la situation économique incertaine de la SLN, les visites reprennent donc le troisième jeudi du mois, avec pour objectif de permettre aux Calédoniens de visiter l’envers d’un décor qui fait partie de leur quotidien. "On cohabite avec la population. Il faut qu’on soit transparents sur ce qu’on fait, explique Marie Morel, responsable de la communication. C’est une des rares usines au monde qu’on peut encore visiter", souligne-t-elle.
Le bus s’enfonce entre les bâtiments d’acier. À travers les vitres, les visiteurs découvrent les fours imposants où le minerai est porté en fusion. "Là, c’est le préséchage du minerai. Il arrive par bateau, on le sèche avant de le faire passer dans les fours", commente Nicolas Benaily, chef du département études et investigations, avant que le groupe ne pénètre dans les entrailles bruyantes du monstre de métal.

Le bruit est assourdissant, la chaleur saisissante. "On va calciner le minerai à environ 900 °C. Ensuite, il devient orange, comme votre casque", poursuit le cadre. Les visiteurs observent avec attention les installations de fusion : six électrodes de carbone, des parois refroidies, des coulées de scorie pulvérisées à l’eau de mer. "Chaque fois qu’on met une tonne de minerai, on produit environ 120 kg de métal et 750 kg de scorie", explique à son auditoire Nicolas Benaily. La scorie, longtemps considérée comme un déchet, est désormais valorisée : utilisée pour le bâtiment, le remblai ou même le sablage industriel.

Sous les casques orange, les yeux des visiteurs du jour brillent comme ceux d’enfants devant un spectacle. "C’est très impressionnant, surtout les conditions de travail", confie Stella, magasinière chez Komatsu. "Moi, je travaille sur les mines, mais là, on découvre la finalité de ce qu’on exploite. J’ai appris énormément", se réjouit-elle.

Gladys, en recherche d’emploi, attendait cette visite depuis longtemps : "Ça faisait des années que je voulais venir. On passe devant cette usine tous les jours sans savoir ce qu’il y a dedans. Là, on comprend l’ampleur, c’est un autre monde", souffle la jeune femme. Didier, retraité, semble plus à l’aise que les autres. Et pour cause : ancien salarié et lui-même guide de ces visites entre 2011 et 2015, il savoure la reprise : "J’étais curieux de voir s’il y a eu des changements. Pas tellement finalement, mais cette usine, pour moi, elle est au top. Elle existe depuis plus de cent ans et elle est toujours là." Forcément, le sexagénaire ne manque pas d’anecdotes : "Avant, on travaillait en short, sans casque ! Maintenant, il n’y a plus de gros accidents. Et je dis toujours : s’il n’y avait pas la SLN, on ne serait pas là. C’est la SLN qui a fait la Calédonie."
Devant les écrans et les tableaux aux innombrables lumières qui clignotent, Mario, opérateur depuis dix-huit ans, résume son travail : "Mon rôle, c’est de faire en sorte que le minerai atteigne la bonne température, entre 800 et 900 °C. Si je suis en baisse, je pousse le charbon." Il sait ce que coûte une erreur : "Si ça fond trop, tout se bouche. Et là, c’est un arrêt total du tube."

Un savoir-faire que Bruno Benaily décrit avec passion : "Quand on est salarié de la SLN, on a un héritage. On parle d’une histoire de plus d’un siècle. On est fiers de ce qu’on fait. On sait qu’on peut progresser, mais on se bat pour faire perdurer cette société, c’est important pour la Calédonie."

À la fin de la visite, le service communication remet un questionnaire aux personnes présentes et répond à leurs questions. L’occasion de rappeler quelques chiffres. Par exemple il n’y a que 15 % de femmes à Doniambo, 32 % dans l’encadrement. "Sur mine, les femmes conduisent beaucoup les engins et sont souvent plus performantes que les hommes, indique Marie Morel. Mais à l’usine, c’est plus rare : les postes sont très physiques, et les équipements lourds."

Le groupe s’apprête à quitter le site, ses odeurs, son vacarme et sa chaleur. "On a souvent l’impression d’avoir un volcan au cœur de la ville, disait Charles Dubois en accueillant les hôtes du jour. Mais c’est un volcan qu’on sait maîtriser." Pour les visiteurs, cette immersion d’une heure laissera des images fortes et une nouvelle compréhension d’un lieu souvent fantasmé. "C’est impressionnant, confie Stella. Je vais conseiller à tout le monde de venir voir."

Les visites publiques de la SLN ont lieu le troisième jeudi du mois, sur inscription. La prochaine aura lieu le jeudi 20 novembre, de 13 heures à 15h30. Gratuites - le nombre de places est limité -, elles sont ouvertes aux personnes de plus de 14 ans, mais interdites aux porteurs de pacemaker et aux femmes enceintes. Le port de pantalon long de couleur foncée est obligatoire. Équipements de sécurité fournis sur place. Informations et inscriptions sur le site de la SLN [1].
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[1] https://forms.office.com/pages/responsepage.aspx?id=o2031ZLkUkqdXNrOnfGLRkUsNTLBDkBKinDMRnLVQGtUNks2SDVDNEYyMDROUENUSkw5V1gzNlg5MS4u&fbclid=IwY2xjawNeqmpleHRuA2FlbQIxMABicmlkETBuWHRzQXlaZExPMFh2RWNLAR7x9A0_pOCNYX855DUfFrwdKVH4KL13x_lOFRW4ebJz35rM_FJowZDCQiEleg_aem_vjrONgtL4tdZIfwXelLYRQ&route=shorturl
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