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Déwé Gorodey, écrivaine kanak et pionnière des mouvements indépendantistes et féministes en Calédonie
Outremers360 | Crée le 20.10.2025 à 09h44 | Mis à jour le 20.10.2025 à 09h45

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On doit à Déwé Gorodey, notamment, l’Académie des langues kanak, le Salon international du livre océanien, ou encore la Journée de la citoyenneté. Photo Archives LNC
Notre partenaire Outremers 360 poursuit sa série sur les personnalités qui ont marqué l’histoire des Outre-mer. Aujourd’hui, Déwé Gorodey, personnalité charismatique qui a marqué durant toute sa carrière la vie politique et littéraire de la Nouvelle-Calédonie.

Déwé Gorodey est née le 1er juin 1949 à Ponérihouen, sur la côte Est de la Grande Terre en Nouvelle-Calédonie. Fille d’un pasteur chef de clan, elle grandit dans un environnement imprégné de traditions coutumières, ce qui marquera profondément son engagement futur. Après des études primaires à Houaïlou, elle obtient son baccalauréat au lycée Lapérouse, à Nouméa, puis une licence de lettres modernes à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, en 1973. Elle commence à écrire, principalement de la poésie.

En France, son univers intellectuel s’ouvre pleinement. Elle découvre notamment les écrivains Aimé Césaire, Léopold Senghor et Léon-Gontran Damas, mais également le communisme, Karl Marx, Lénine et Rosa Luxemburg. De là, Déwé Gorodey développe une conscience politique et littéraire aiguë, nourrie par les mouvements de décolonisation et les luttes féministes. Avant de se rendre dans l’Hexagone, elle s’était toutefois engagée auprès des Foulards rouges, l’un des premiers mouvements identitaires kanak des années 60, ce qui lui avait valu un bref séjour en prison pour distribution de tracts.

De l’enseignement à l’engagement politique

De retour en Nouvelle-Calédonie, à la fin 1973, elle enseigne le français dans un collège catholique de Nouméa, puis le paicî, sa langue maternelle, au sein de l’École populaire kanak, des établissements scolaires créés par les indépendantistes pendant les conflits des années 80. Déwé Gorodey donne également des cours au lycée public de Poindimié, de 1996 à 1997, et des enseignements d’histoire de la littérature du Pacifique et mélanésienne contemporaine à l’université de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, de 1999 à 2001.


Déwé Gorodey entre au gouvernement en 1999. Elle y siègera jusqu’en 2019. Photo archives LNC

Parallèlement, elle s’engage pleinement en politique. Elle cofonde, en 1974, le Groupe 1878, un collectif dont la revendication principale est de récupérer les terres spoliées par la colonisation française. Cela lui vaudra encore plusieurs emprisonnements, qu’elle mettra notamment à profit pour écrire. En 1976, Déwé Gorodey participe à la création du Parti de libération kanak (Palika), formation indépendantiste et composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) à partir de 1984. Par ailleurs, elle participe à des missions du front indépendantiste en Australie, en Algérie, au Canada, au Mexique et aux Nations unies, notamment.

Émancipation des femmes

Militante féministe de la première heure sur le Caillou, Déwé Gorodey est l’une des fondatrices du Groupe des femmes kanak et exploitées en lutte (GFKEL), en 1982, pour défendre l’émancipation des femmes. Ce mouvement fustige les valeurs patriarcales véhiculées, selon lui, à la fois par les sociétés coloniale et traditionnelle kanak. Dans ce cadre, elle participe à une mission de femmes au Mali, en 1992, avec Marie-Claude Tjibaou, la veuve du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou.


Déwé Gorodey et Marie Claude Tjibaou. Photo archives LNC Thierry Perron

En 1999, Déwé Gorodey entre dans le premier gouvernement collégial issu de l’accord de Nouméa. Elle y occupe le portefeuille de la Culture. Puis, les vingt années suivantes, ceux de la Condition féminine et de la Citoyenneté, de la Jeunesse et des Sports, ainsi que des Affaires coutumières et des Relations avec le Sénat coutumier. Au cours de ses mandats, elle participe notamment à la création de la Maison du livre, du Salon international du livre océanien, de l’Académie des langues kanak et de la Journée de la citoyenneté.

L’œuvre littéraire

En 1985, elle fait paraître son premier recueil de poésie, intitulé Sous les cendres des conques (Éditions populaires). Ce texte, en partie rédigé durant ses incarcérations liées à ses engagements politiques, célèbre la culture océanienne et la quête identitaire à travers une lecture poétique de l’histoire. Après des recueils de nouvelles et d’aphorismes, Déwé Gorodey signe, en 1999, avec l’écrivain calédonien Nicolas Kurtovitch, Dire le vrai (éditions Grain de Sable), un livre de dix-huit poèmes bilingues qui connaît un fort succès. Son œuvre, qui ne s’interrompt pas les années qui suivent, s’enrichit en 2007 avec L’Épave (éditions Madrépores), reconnu comme le premier roman kanak publié, centré sur les violences perpétrées contre les femmes.


L’œuvre de Déwé Gorodey est étudiée dans une grande partie du Pacifique. Photo Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Fin 2014, elle publie À l’orée du sable (éditions Vent d’ailleurs), un recueil de poèmes remarqué, avec des textes épurés où l’autrice évoque sa terre natale, la culture kanak, la tradition, l’identité et la conscience collective. L’un des derniers ouvrages majeurs de celle qui disait "je suis la femme de l’ombre et du feu, celle qui marche sans bruit sur les cendres, celle qui parle aux pierres et aux vents, pour que la mémoire ne meure pas" (dans Sous les cendres des conques). Déwé Gorodey décède en août 2022 à Poindimié, à l’âge de 73 ans. Une partie de son œuvre, traduite en anglais, fait désormais l’objet d’études universitaires dans une grande partie du Pacifique.

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