
Actuellement, 30 % des Calédoniens ont moins de 20 ans. Une part considérable de la population, confrontée à d’innombrables défis. Fractures territoriales, quêtes identitaires, chômage, mal-être, addictions, délinquance… Beaucoup de jeunes calédoniens traversent une crise économique, sociale et psychologique sans précédent. Les émeutes de mai 2024, auxquelles la jeunesse a largement contribué, en ont été la démonstration.
Aujourd’hui, le constat est amer : les politiques publiques ont échoué à répondre aux besoins des jeunes. Adopté par le congrès en février 2019, le plan jeunesse 2019-2025 en est l’illustration. "Il était nécessaire, mais il est resté inachevé", reconnaît Mickaël Forrest, chargé de la jeunesse au sein du gouvernement. L’élu a participé au "symposium de la jeunesse", organisé ce samedi 25 octobre à Kari Véo afin notamment de "dresser le bilan" peu flatteur des politiques publiques menées ces dernières années en la matière. "L’ambition stratégique n’a pas rencontré la réalité du terrain", constate Mickaël Forrest.

Manque de moyens, difficultés à capter les jeunes et surtout, une absence de coordination entre les différents acteurs, ont participé à cet échec collectif. "Le plan jeunesse a été davantage un cadre d’inspiration qu’un outil commun", est-il indiqué dans le document d’évaluation présenté à l’ouverture du symposium, ce samedi matin. "On a souvent les mêmes objectifs, mais on fait chacun de notre côté", abonde Ludovic Boula, président du Sénat coutumier.
Pour autant, tout n’est pas à jeter. Le plan a offert quelques enseignements aux pouvoirs publics, notamment sur le besoin d’écoute et de reconnaissance des jeunes, ainsi que leur "quête d’équité territoriale afin d’offrir les mêmes opportunités à tous (Nord, Sud, îles)". Il a aussi mis en évidence la pluralité de la jeunesse, trop souvent abordée comme un bloc uniforme.
C’est sur la base de ces leçons tirées du passé que les participants au symposium ont travaillé à l’élaboration d’un nouveau plan 2026-2034. "Nous ne sommes pas ici pour écouter un plan tout fait, mais pour le co-construire", a indiqué Mickaël Forrest, en introduction de la journée. Dix champs d’action prioritaires, allant de la gouvernance à la santé, en passant par le numérique ou l’emploi, avaient été identifiés par les services du gouvernement comme thématiques de travail. La cinquantaine de personnes présentes, jeunes des quartiers, représentants d’institutions, de collectivités ou d’associations ont passé l’après-midi à tenter de construire des solutions.
Professeur en art oratoire, Clément Fretay s’est inscrit à l’atelier sur l’emploi et la formation. Lui qui arpente le territoire depuis trois ans pour proposer des formations aux jeunes de tribus a constaté une chose : "De nombreux dispositifs existent en Nouvelle-Calédonie, mais il y a un gros manque d’informations." La création d’un "outil unique", tel un guichet, pourrait "faciliter les échanges avec les jeunes".

Reste l’essentiel, selon lui : "se déplacer jusqu’à eux pour écouter ce qu’ils ont à dire". Sagato Maperi, lui, est adjoint au maire de Thio en charge de la jeunesse. Il a participé à l’enquête d’évaluation du plan 2019-2024 et partage ses conclusions. "On a besoin de visibilité, de communication et surtout de s’adapter au contexte économique actuel", juge-t-il.
Les réflexions menées ce samedi viendront alimenter les travaux du gouvernement et la rédaction du futur plan. "On va compiler les contributions qui nous serviront de base", confirme Grégory Armien, directeur de la jeunesse et des sports. Ce sera ensuite aux collectivités de s’en emparer en s’essayant à une nouvelle méthode : "aller tous dans le même sens".