
Sam Kagy : C'est Myriam qui a lancé cette idée. Maïté et moi étions désespérées, en nous disant, il n'y a plus d'argent pour la culture, qu'il faudrait peut-être changer de métier.
Myriam Sarg : Je les ai remotivées car je pense que nous avons un grand besoin de rire, de dire des bêtises, des futilités, de se singer, sans forcément passer par la case politique. On aurait pu s'y engouffrer mais c'était trop tôt. L'idée, c'était aussi de revivre ces sketches qu'on avait adorés à l'époque. Et, puis, c'est toujours un plaisir de retrouver Sam et Maïté sur scène.
Maïté Siwene : Il y a aussi l'aspect financier, on ne va pas se mentir : créer ou recréer un spectacle dans ces temps compliqués pour la culture, ce n'est pas rien.

Myriam Sarg : On parle des femmes et de leurs contradictions. C'est la retranscription de ce que nous avons pu entendre de nous-mêmes - et de nos copines - à 150 %, exagéré ou pas, avec nos fêlures. En fait, c'est un biopic calédonien (rires). Chacun peut retrouver des scènes de la vie quotidienne locale. Tout le monde peut se reconnaître dans la trentaine de personnages que l'on incarne.
Sam Kagy : C'est une comédie avant tout. Cela semble léger mais on essaye d'y glisser des choses profondes. On a quand même réécrit des sketches, comme celui des ados car il y a douze ans, ce n'étaient pas les mêmes expressions.
Maïté Siwene : Mon fils de douze ans nous a dit effectivement qu'il fallait que l'on se remette au goût du jour pour ne pas être ringardes.
Maïté Siwene : Pour ce spectacle, nous avons d'abord listé les sketches qui avaient le mieux marché afin d'en faire un condensé d'1h30. Puis nous nous sommes répartis les sketches et les rôles.
Sam Kagy : Chacune développe son sketch de son côté, puis on se retrouve pour échanger et ajouter des éléments.
Myriam Sarg : Chacune apporte sa patte. On rebondit. On ne fige pas tout : il y a un fil rouge, mais entre deux sketches, il peut y avoir des impros, des petits accidents… parfois on perd nos chaussures ou on n'a pas la bonne perruque !
Myriam Sarg : Nous sommes très différentes. Nous avons chacune notre regard, notre approche, notre caractère. Souvent, nos trois histoires réunies donnent un sketch.

Toutes les trois en chœur : Oh que si !
Maïté Siwene : Elles mettent trop de temps à apprendre une choré !
Sam Kagy : Disons que Myriam et moi, on n'a plus besoin de répéter que Maïté. Mais, c'est rare en fait que l'on se clashe. En spectacle, si l'une d'entre-nous oublie une réplique, on ne va pas lui faire remarquer méchamment.
Sam Kagy et Myriam Sarg : C'est moi !
Maïté Siwene : Moi, je reste humble (rires).
Maïte Siwene : Ça remonte au collège. Avec Jenny Briffa, nous étions au club théâtre de la sixième à la troisième, puis j'ai continué avec Isabelle de Haas. En parallèle, je faisais aussi de la danse et du chant.
Sam Kagy : Pour moi, c'est arrivé tard, à 30 ans. J'ai suivi une copine en cours de théâtre, car c'était le seul moyen de la voir. Au début, ça ne m'a pas spécialement enchantée, mais au spectacle de fin d'année, avec l'énergie du public, j'ai eu le déclic. C'était un vrai bonheur, une adrénaline incroyable. Souvent, j'ai eu le complexe de l'imposteur car je n'avais pas cette "culture théâtre". Maintenant, c'est passé.
Myriam Sarg : Tout a commencé aussi au collège mais je ne voulais pas en faire car tout le monde me disait que je devais et j'avais un esprit de contradiction. J'ai accepté finalement de remplacer une personne dans une pièce et je ne me suis plus jamais arrêtée. J'ai passé un bac théâtre, puis j'ai enchaîné avec une école de théâtre à Paris. Cela faisait cinq ans que j'avais fait une pause et là, je reviens au théâtre comme aimantée. Je me sens tellement plus heureuse et vivante quand je joue. C'est transmettre des émotions, en procurer, en vivre aussi, c'est une forme de magie.
Myriam Sarg : Je cumule quatre emplois !
Sam Kagy : C'est très compliqué. Les projets n'affluent pas. En trente ans, je n'avais jamais connu une telle situation. La culture est totalement oubliée. La vraie question est : ce pays veut-il que l'art se professionnalise, ou préfère-t-il qu'on reste au niveau amateur ? Pourtant, c'est par la culture que l'on peut rassembler les gens.
Myriam Sarg : La culture permet de s'élever au-dessus de la politique et des divergences. Il faut s'en sortir par la culture alors qu'on la musèle. On fait appel à des troupes extérieures et on ne nous donne pas notre chance localement. La preuve, si on ne fait pas cette démarche de créer, il ne se passe rien et beaucoup de portes se ferment. C'est une vérité et beaucoup le pense.
Sam Kagy : La compagnie que l'on a montée avec Maïté s'appelle d'ailleurs The Exterior Compagny ! On s'est dit qu'avec ce nom, on allait peut-être être prises plus au sérieux.
Myriam Sarg : Je rejoue Le renne des neiges, une comédie de Noël pour adultes. J'ai un projet de long métrage avec la réalisatrice Maï Le Flochmoën. Peut-être un Free Wowen Show 4...
Sam Kagy : Avec Maïté, nous travaillons sur un projet de court métrage. Je continue aussi à proposer avec Lucie Doriot Le Malade imaginaire de Molière aux scolaires, une pièce que nous avons jouée en Asie et en Australie. Je donne également des cours de théâtre, mais avec la crise, c'est difficile.
Maïté Siwene : J'aimerais que l'on puisse jouer la pièce Marion, 13 ans pour toujours, auprès des scolaires car ce sont des sujets, le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, qui les touchent.

Le Free woman show 3 est à voir au restaurant Le Vallon Dore, au Mont-Dore, le samedi 8 novembre à 19 heures (tarif : 2 700 francs [1]), et à La Foa, le samedi 22 novembre à 17h30 (tarif : 2 200 francs [1]). Retrouvez le numéro 6 du magazine L Calédonie, paru en octobre, dans de nombreux points de vente, et sur la page Facebook L Calédonie magazine. [2]